« Enculé », « gouine », « travelo »… Au travail, les insultes LGBTphobes sont encore légion

En ce Mois des fiertés, derrière la symbolique colorée, les discriminations continuent. Le cadre légal français semble pourtant – théoriquement – sans ambiguïté. La loi pénale prohibe explicitement toute discrimination fondée notamment sur l’orientation sexuelle, le sexe ou l’identité de genre dans la sphère professionnelle. Cette interdiction s’étend à l’ensemble du parcours professionnel : recrutement, rémunération, promotion, licenciement, etc.

Mais, sans surprise, la réalité dessine un paysage différent. Entre les avancées légales et leur mise en œuvre concrète, entre l’acceptation théorique et les pratiques quotidiennes, persiste un fossé. Une vaste enquête menée par l’association l’Autre Cercle à travers son baromètre qui mesure l’inclusion des personnes LGBTQIA +, en partenariat avec l’Ifop, révèle l’ampleur des violences ordinaires qui persistent au travail.

Près d’un tiers des personnes interrogées déclare avoir subi au moins une forme d’agression dans leur environnement professionnel. Plus de la moitié indique avoir été insultée à coups d’expressions LGBTphobes comme « enculé » (45 %), « gouine » (32 %) ou encore « travelo » (29 %). Afin d’éviter ces violences, les victimes adoptent des stratégies d’évitement. Autrement dit, elles adaptent leur comportement pour avoir moins de risques d’y être confrontées. C’est ainsi que quatre salariés LGBTQIA + sur dix demeurent contraints à la dissimulation de leur orientation face à leur hiérarchie, illustrant la persistance d’un climat professionnel délétère.

Point positif tout de même, cette même étude met en lumière une évolution encourageante des mentalités. Les questions de la parentalité et l’usage d’un langage inclusif s’améliorent. Mais rappelons que cette progression reste fragile dans un climat marqué par une dynamique politique réactionnaire.

En Hongrie, le Parlement a voté en mars dernier une loi interdisant la Marche des fiertés. L’utilisation d’outils permettant la reconnaissance faciale des participants est envisagée pour pouvoir les identifier et les poursuivre. Cette régression hongroise s’inscrit dans une offensive plus large des mouvements réactionnaires européens qui instrumentalisent les questions de genre et de sexualité pour mobiliser leurs bases électorales. La stratégie demeure invariable : désigner des minorités comme responsables d’un prétendu déclin civilisationnel, légitimant ainsi toutes les régressions.

Face à ces menaces, l’action collective prend tout son sens. L’initiative de la CGT, qui organise mi-juin une journée dédiée à l’inclusion des personnes LGBTQIA + au travail, rappelle que les syndicats demeurent des remparts essentiels contre les discriminations. Ces espaces de mobilisation permettent de transformer les indignations individuelles en force collective de transformation sociale.

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