Quels sont les bijoux exposés dans la galerie d’Apollon au Louvre ?

Conçue au XVIIe siècle pour Louis XIV, la galerie d’Apollon du musée du Louvre, où a eu lieu un braquage dimanche, avait bénéficié en 2019 d’un chantier de dix mois de restauration et de modernisation. Se trouvent là d’habitude, normalement à l’admiration de tous, Le Régent, Le Sancy, L’Hortensia… Ces diamants sont des stars, bénéficiant de vitrines blindées, avec vingt autres pièces. Chacune unique. Chacune ayant une histoire qui fera le sujet d’un épais roman.

Autour, la scénographie faite d’autres vitrines met en valeur des vases en pierres dures de la collection de Louis XIV. Enfin et surtout, les décors de la salle, jonction de la partie originelle du Louvre à la Grande Galerie, sont en soi des merveilles. En 1661, cette section avait disparu dans un incendie. Repensée par l’architecte Louis Le Vau et par le peintre Charles Le Brun pour Louis XIV avant que ce dernier n’opte pour Versailles, elle a été achevée deux siècles plus tard comme en témoigne, par exemple, la magnifique partie centrale du plafond, exécutée par Delacroix.

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Ces 41 peintures, 36 groupes de sculptures et 28 tapisseries des Gobelins saturant les murs ainsi que la voûte haute de 15 mètres content la course du Soleil, celle du temps (le zodiaque) ainsi que le mythe d’Apollon - cela pour la plus grande gloire du Roi-Soleil? C’est là qu’eut lieu la première présentation publique du Trésor, en 1884.

Si l’ensemble tient dans seulement trois vitrines, c’est que ces pierres précieuses, indépendantes ou incluses dans des couronnes, diadèmes, montées en colliers, broches ou autres pendentifs, ne sont que ce qui subsiste des vicissitudes de l’Histoire.

La collection a parfois été enrichie ou en partie reconstituée, mais plus souvent elle a été dispersée, dilapidée, voire volée comme lors du sac du garde-meuble national après la fuite de Varennes. Le présent reliquat n’en demeure pas moins fabuleux.

Le diamant Le Régent, présent sur la couronne de Louis XV et de ses successeurs Bridgeman Images

Un diamant blanc «de la grosseur d’une prune de la reine Claude»

Dans la première des trois boîtes soclées, en verre ultrarésistant et acier brossé - aux lignes épurées dues à Juan Felipe Alarcon, architecte et muséographe au Louvre -, on retrouve d’habitude les bijoux de l’Ancien Régime. Ainsi Le Régent, diamant blanc, d’une eau exceptionnellement pure, qui même taillé, est «de la grosseur d’une prune de la reine Claude» selon Saint-Simon. Soit 140,64 carats qui, successivement, ont resplendi sur la couronne de Louis XV, sur celle de Louis XVI, sur la garde de l’épée de Bonaparte Premier Consul, sur son glaive impérial, sur la couronne de Charles X et enfin sur le diadème grec de l’impératrice Eugénie.

La couronne de Louis XV, exposée au musée du Louvre ANDBZ/ABACA

La deuxième vitrine renferme en temps normal les bijoux du Premier Empire et de la Restauration. On y admire par exemple la parure de 38 émeraudes (dont dix en poire) de Marie-Louise. Elle voisine avec celle de la reine Marie-Amélie, en saphirs du Sri Lanka, elle. Le troisième présentoir est celui des bijoux de Napoléon III et d’Eugénie.

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C’est là qu’on voyait jusqu’à ce cambriolage du 19 octobre une des deux couronnes de haut de tête créées par le joaillier Lemonnier à l’occasion de l’Exposition universelle de 1855 et le grand nœud de corsage commandé à François Kramer pour ce même événement. À lui seul, cet ouvrage est composé de 2 634 diamants. Et il n’était au départ que l’élément central d’une ceinture!