L’un des principaux concernés sera absent. Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, ne pourra pas se rendre à la prochaine assemblée générale des Nations Unies prévue en septembre, où plusieurs États dont la France doivent plaider pour la reconnaissance d’un État palestinien. Cette absence fait suite à la décision des États-Unis, annoncée vendredi soir, de ne pas lui accorder de visa.
Cette annonce a provoqué l’ire du chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot. Le locataire du Quai d’Orsay a affirmé samedi que le siège de l'ONU «ne saurait souffrir d'aucune restriction d'accès».«Le siège des Nations Unies est un lieu de neutralité. C'est un sanctuaire, au service de la paix. Une Assemblée générale des Nations Unies ne saurait souffrir d'aucune restriction d'accès», a encore déclaré Jean-Noël Barrot à Copenhague, peu avant une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE.
Passer la publicitéUn geste également dénoncé par Xavier Bettel, ministre luxembourgeois des Affaires étrangères. «On ne peut pas nous prendre en otage», a-t-il lancé, suggérant d’organiser à Genève une session spéciale de l’AG de l’ONU pour s’assurer de la présence des Palestiniens. «On doit pouvoir discuter ensemble, on ne peut pas tout simplement dire qu’on exclut la Palestine du dialogue», a affirmé Xavier Bettel devant la presse à Copenhague.
l’OLP et l’Autorité palestinienne responsables de «compromettre» la paix
L’interdiction de la Maison-Blanche vaudra également pour 80 autres Palestiniens. Le département d'État a indiqué «révoquer et refuser» l'octroi de visas «pour les membres de l'Organisation de libération de la Palestine et de l'Autorité palestinienne». «L’administration Trump a été claire : il est dans l’intérêt de notre sécurité nationale de tenir l’Organisation de libération de la Palestine et l’Autorité palestinienne pour responsables de ne pas respecter leurs engagements et de compromettre les perspectives de paix», fait savoir la diplomatie américaine, qui accuse les Palestiniens de se servir illégitimement de la justice en se tournant vers la Cour pénale internationale (CPI) et la Cour internationale de justice pour résoudre leurs contentieux avec Israël.
Les États-Unis ne sont théoriquement pas censés refuser des visas aux fonctionnaires se rendant à l’ONU, dont le siège est à New York, en vertu d’un accord daté de 1988 que le département d’État assure respecter en autorisant la mission palestinienne auprès des Nations unies. Washington a fait toutefois valoir qu’il pouvait refuser de délivrer ces documents pour des raisons de sécurité, d’extrémisme ou de politique étrangère. Les États-Unis avaient ainsi refusé de délivrer un visa au leader de l’OLP, Yasser Arafat, en 1988. L’Assemblée générale des Nations unies avait alors tenu une réunion à Genève plutôt qu’à New York afin que le dirigeant puisse prendre la parole.
Tensions autour de la reconnaissance d’un État palestinien
Les responsables palestiniens ont de leur côté rejeté ces allégations et affirment que des décennies de négociations menées sous l’égide des États-Unis n’ont pas permis de mettre fin à l’occupation israélienne et de garantir l’indépendance de l’État palestinien.
La Maison-Blanche a nettement limité les relations avec les Nations unies et d’autres organisations internationales après qu’Emmanuel Macron a annoncé fin juillet que la France allait reconnaître l’État de Palestine à l’Assemblée générale de l’ONU. Par la suite, plus d’une dizaine de pays occidentaux ont appelé d’autres pays du monde à faire de même. Au moins 147 des 193 États membres de l’ONU reconnaissent déjà un État palestinien. De leur côté, les États-Unis privilégient des négociations directes entre Israël et la Palestine.