Mostra de Venise: George Clooney, Brad Pitt, Jude Law... Le polar sans génie

Les acteurs sont de grands enfants. Ces petits garçons dans des corps d'hommes aiment jouer au policier ou au truand. Tenir un revolver dans les mains leur procure une joie puérile, réminiscence des goûters déguisés de leur prime jeunesse.

Brad Pitt et George Clooney n'échappent pas à la règle. Ils semblent s'amuser comme des petits fous dans Wolfs, présenté hors compétition sur la lagune. Le problème est qu'ils sont bien les seuls. La comédie policière de Jon Watts (trois Spider-Man à son actif) est d'une paresse et d'une vacuité sans nom.

Les deux stars ont déjà partagé l'écran dans Ocean's Eleven, la trilogie de Steven Soderbergh. Ils ont déjà prouvé leur sens de l'autodérision chez les frères Coen, excellents pour leur faire jouer des abrutis finis (Burn after reading, Ave, César !). Jon Watts est moins doué dans un registre équivalent. Il les imagine en tueurs appelés en même temps dans la même chambre d'hôtel pour «nettoyer» une scène de crime. Sauf que le cadavre, un jeune homme à peine plus malin que les deux hommes de main, n'est pas mort et qu'il doit livrer de la drogue. C'est le prétexte d'une association le temps d'une nuit entre les deux rivaux vieillissants pour remplir leur contrat. C'est le début d'une comédie d'action mollassonne aux situations prévisibles.  

Les deux sexagénaires les plus cool de Hollywood (obligés de mettre des lunettes pour lire un texto: gag), méritent mieux que cette parodie poussive de film noir. En conférence de presse, ils ont regretté que la sortie en salle de Wolfs soit escamotée pour atterrir directement sur la plateforme Apple TV. Encore une fois, ils sont bien les seuls. Avec leurs producteurs, qui annoncent déjà une suite. 

Service minimum pour The Order

Jude Law, lui, a au moins le mérite de prendre le polar au sérieux avec The Order, dont il est producteur. La star britannique se donne le rôle d'un agent du FBI à moustache usé par son combat contre Cosa Nostra - sa femme l’a quitté et il saigne du nez. Il ne craint pas les clichés. Le scénario est tiré d'une histoire vraie, celle de Bob Matthews (joué par Nicolas Hoult), chef d'une bande de suprémacistes blancs dans les années 1980 qui commettent des hold-up pour financer la révolution (la prise du Capitole est au programme).

Jude Law, entouré de l’équipe du film The Order, présenté à Venise le samedi 31 août. UPI/ABACA

Le réalisateur australien Justin Kurzel (Les Crimes de Snowtown, Nitram) la transpose à l'écran sans forcer son talent et sans trop se préoccuper de ménager beaucoup de suspense. Les braquages sont presque des virées au supermarché – on est loin de l'adrénaline de Heat ou de Point break. L'enquête se déroule sur un rythme pépère, sans rebondissement notoire – Tye Sheridan joue le partenaire de Jude Law, rookie lui aussi vu et revu. La dimension politique est reléguée très loin à l’arrière-plan.

On n'a rien contre un polar classique en compétition dans un grand festival comme la Mostra de Venise mais The Order assure vraiment le service minimum.