Près de la moitié des médecins sont victimes de harcèlement sexuel de la part de patients

«L'OMS reconnaît que le harcèlement sexuel est un des risques professionnels en médecine, mais la prévalence du harcèlement sexuel par les patients est inconnue». Ainsi est introduit le propos d’une étude de lInternal Medicine Journal  qui se penche sur le harcèlement sexuel subi par les médecins de la part de leurs patients. Des chercheurs, menés par le Dr Caroline Kamau-Mitchell du Birkbeck College, une entité de l'Université de Londres, ont ainsi combiné 22 études issues de 7 pays. 

Les résultats de cette méta-analyse (synthèse statistique de plusieurs études) sont édifiants : ils révèlent «que 45,13 % des 18.803 médecins de plusieurs spécialités (par exemple, médecine interne et chirurgie) ont déjà fait l'expérience» de harcèlement sexuel de la part de patients. Parmi les médecins interrogés dans les diverses études, 34,39% parmi les hommes interrogés ont fait état d’attentat à la pudeur, contre 52,19% chez les femmes. 

Les chercheurs estiment cependant que «l'hétérogénéité observée (...) n'est pas surprenante en raison de l'éventail de pays et de spécialités médicales représentés». Ils détaillent que pour les deux sexes, en comparant les différentes régions desquelles provenaient les études, «le pourcentage de médecins ayant subi un harcèlement sexuel de la part de patients est le plus élevé au Royaume-Uni, suivi du Canada, de l'Australie, des États-Unis, d'Israël, de l'Allemagne et, enfin, de la Malaisie».

«Attention sexuelle non désirée» voir «inappropriée»

Pour que les travaux de recherches soient sélectionnés dans la méta-analyse, ils devaient «présenter des statistiques sur le harcèlement sexuel». Ces attentats à la pudeur ont été définis par les chercheurs comme des patients qui accordent aux médecins «une attention sexuelle non désirée, leur racontent des blagues à caractère sexuel, les invitent à sortir avec eux, ou leur envoient des messages ou des lettres romantiques»

Ils ont également inclus des études faisant état de patients touchant leur médecin «de manière inappropriée», voire de patients qui avaient «des érections ou faisaient des commentaires déplacés sur leurs organes génitaux au cours d'examens physiques». Des études évoquent même des patients qui demandent «des examens corporels de manières inappropriées, parfois sans raison» et dévoilent de façon inadéquate des parties intimes de leur corps. 

Face à de telles atteintes et au nombre important de professionnels de santé qui y sont exposés, les universitaires incitent à ce que la parole se libère et que des mesures soient prises pour assurer la protection des professionnels de santé. Parmi ces dernières, ils suggèrent que «la vidéosurveillance, les boutons de panique, les alarmes et les escortes de sécurité pour le personnel la nuit» soient testés, tout comme la mise en place de posters et de brochures. Ils concluent toutefois que l’efficacité de ces méthodes pour «prévenir le harcèlement sexuel entre patients et médecins dépassait le cadre de cette méta-analyse ; par conséquent, les recherches futures doivent se pencher sur les modes d’interventions appropriées»