Nucléaire : EDF balaye les inquiétudes sur le béton utilisé pour construire l’EPR2 de Penly

Le chantier de l’EPR2 à Penly (Seine-Maritime) n’a pas encore formellement commencé que déjà, les critiques fusent. Actuellement, seuls les travaux préparatoires du site sont en cours, avec un vaste programme de terrassement pour construire des parkings, des logements, des cantines... De quoi accueillir les salariés qui seront près de 11.000 au pic de l’activité. Pour le moment, 650 personnes travaillent sur et autour du site aux travaux préparatoires, qui comprennent, en outre, la construction d’une digue destinée à protéger les installations en cas de (très) forte houle. Voire de tsunami.

Or, le béton qui sert à la construction de cet ouvrage est mis en cause. «Un réacteur nucléaire sur un château de sable» : Greenpeace n’y est pas allé pas quatre chemins, au risque de prendre des raccourcis qui mènent en réalité sur des fausses pistes. En fin de semaine, deux médias, Reporterre et Mediapart, affirmaient que «le béton prévu pour les réacteurs nucléaires EPR2 de Penly (Seine-Maritime) — y compris l’îlot nucléaire, qui abrite le cœur du réacteur — n’est à ce stade pas conforme».

La réalité est autre. «Dans le cadre des travaux préparatoires à la construction de deux réacteurs EPR2 à Penly, une extension de la plateforme en mer existante doit être construite pour augmenter les surfaces allouées à la construction des deux unités de production. La digue de cette extension sera recouverte côté mer par 15.000 blocs cubiques rainurés (BCR) en béton», précise EDF au Figaro. Les réacteurs nucléaires ne seront donc pas construits sur cette digue ! Comme il s’agit de la partie non nucléaire du site et que les BCR ne sont pas classés comme éléments de sûreté, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASRN) n’a pas d’obligation d’instruction.

La production du béton pour la digue a commencé le 4 mars

Dans le détail, la production du béton a commencé le 4 mars, sur place. Auparavant des tests avaient été réalisés par Eiffage, puis EDF avait effectué une expertise. Ensuite, les critères ont été corrigés. «Après la réalisation de ces contrôles, la qualité du béton utilisé pour la fabrication des BCR apparaît conforme aux spécifications techniques nécessaires à la construction de la digue, permettant le démarrage de la fabrication du béton sur site le 4 mars 2025», précise EDF. Les moindres détails sont pris en compte. «La difficulté sur ce type de chantier est qu’il faut que tous revoient leurs critères de qualité. Les acteurs du BTP doivent intégrer les très hautes exigences d’un chantier nucléaire», expliquait un cadre d’EDF au Figaro il y a quelques mois. Il n’y a pas de place pour l’à-peu-près. En outre, le béton utilisé pour la construction de ces blocs n’est évidemment pas le même que celui qui sera produit pour les bâtiments nucléaires, «qui fait l’objet de classifications spécifiques et adaptées à leur niveau de sûreté».

Les travaux préparatoires poursuivent donc leur cours, en attendant que le véritable coup d’envoi du chantier soit donné, en 2028 si tout va bien. D’ici là, des étapes clés doivent encore être franchies, concernant notamment le financement des 6 EPR2 prévus dans le cadre du nouveau nucléaire français, dont le design détaillé est encore à affiner, et tous les contrats et devis entre EDF et ses sous-traitants devront être bouclés. Autant d’éléments qui détermineront le coût, avec de dernières estimations entre 70 et 80 milliards d’euros. Le grand défi posé à EDF est de parvenir à respecter les coûts et les délais... et d’éviter les retards de l’EPR de Flamanville.