Les accusations d'Israël contre Emmanuel Macron sont "une manière récurrente d'instrumentaliser l'antisémitisme", note un historien
"C'est une manière récurrente d'instrumentaliser l'antisémitisme", a jugé mercredi 20 août sur franceinfo Jean-Paul Chagnollaud, président de l'Institut de recherche et d'études Méditerranée Moyen-Orient (iReMMO). La veille, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a envoyé une lettre à Emmanuel Macron, l'accusant "d'alimenter le feu antisémite" en soutenant la solution à deux États, alors qu'Emmanuel Macron a annoncé vouloir reconnaître l'État de Palestine dès septembre.
"Dès lors qu'il y a une position qu'il estime être contre Israël, Benyamin Nétanyahou estime que c'est une position antisémite", note Jean-Paul Chagnollaud. Le spécialiste du Moyen-Orient rappelle sur franceinfo que le chef du gouvernement israélien n'en est pas à sa première accusation d'antisémitisme. En septembre 2024, devant l'Assemblée générale des Nations unies, il avait lancé : "Je vous le dis, jusqu'à ce qu'Israël, jusqu'à ce que l'État juif soit traité comme les autres nations, jusqu'à ce que ce marécage antisémite soit asséché, l'ONU sera considérée par les gens justes comme rien de plus qu'une farce méprisante".
Benyamin Nétanyahou "s'enfonce dans le populisme et l'autoritarisme"
"C'était il y a un an, devant une assemblée où il y avait beaucoup de délégations qui étaient parties", se souvient Jean-Paul Chagnollaud. "Donc, on est sur quelque chose de plus global et de très profond chez lui dans cette affaire, c'est-à-dire un mépris pour les relations internationales qui consistent à poser les principes du droit international", analyse le président de l'iReMMO.
En plus de la France, l'Australie a aussi été accusée d'antisémitisme par le Premier ministre israélien. "Quand on connaît Benyamin Nétanyahou, c'est un classique", assure Jean-Paul Chagnollaud. "On a affaire à un personnage qui s'enfonce dans une forme de populisme aussi bien sur le plan international que sur le plan interne. Sur le plan interne, il s'enfonce dans l'autoritarisme. Donc, c'est grave aussi pour Israël fondamentalement", affirme-t-il.