Narcotrafic : quand l'armée américaine coule des bateaux

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour le regarder en intégralité.
Une vidéo brandie par Donald Trump comme un trophée de guerre. En caméra embarquée et en image infrarouge, on y voit la même scène : un bateau frappé en pleine nuit par l'armée américaine. Il a été totalement détruit. Trois hommes ont été tués. "Les services de renseignement ont confirmé que ce bateau faisait du trafic de drogue illégal et naviguait sur une route de narcotrafic bien connue pour venir empoisonner les Américains", a-t-il déclaré. C'est la nouvelle tactique du président américain contre ce qu'il appelle "les narco-terroristes". En trois semaines, trois frappes ciblées sur des navires en provenance du Venezuela, officiellement dans les eaux internationales de la mer des Caraïbes. Et pour mener cette opération, un grand déploiement de militaires, navires de guerre et sous-marins.

Les pays voisins haussent le ton, Colombie et Venezuela en tête. "Ce que nous constatons, c'est une présence démesurée de militaires dans cette région qui n'a rien à voir avec le trafic de drogue", déplore Rosa Villavicencio, ministre des Affaires étrangères de la Colombie. "C'est une guerre non déclarée. Vous voyez comment des personnes, qu'elles soient narcotrafiquants ou non, ont déjà été exécutées dans la mer des Caraïbes, exécutées sans droit à une défense", indique quant à lui Vladimir Padrino López, ministre de la Défense du Venezuela.

Des doutes dans les rangs républicains

Le ministre de la Défense vénézuélienne dévoile même des images d'exercices menés par Caracas sur une île des Caraïbes, à seulement quelques encablures des forces américaines, comme une menace non dissimulée. Aux États-Unis aussi, ces frappes font polémique. Des sénateurs démocrates ont demandé à Donald Trump la justification légale de ces attaques, qui n'ont pas été approuvées par le Congrès. Et même dans les rangs des Républicains, certains osaient émettre des doutes. "Imaginez qu'il y ait une maison à côté de chez vous qui vend de la drogue, du fentanyl et des milliers de personnes qui meurent. Vous êtes en colère. Mais est-ce que pour autant vous allez les tuer, les brûler ? Non, vous passez par un juge pour obtenir un mandat", estime Randal Paul, sénateur américain membre des Républicains.

"Selon certains médias américains, les avocats du Pentagone eux-mêmes questionneraient la légalité de ces attaques. Le Venezuela réclame une enquête de l'ONU", souligne Diane Schlienger, correspondante France Télévisions à Washington.