Uranium : le Niger annonce la nationalisation d’une filiale de la société française Orano
Le régime militaire du Niger a annoncé jeudi la nationalisation de la Somaïr, filiale du géant français de l'uranium Orano qui en avait perdu le contrôle opérationnel depuis plusieurs mois dans ce dossier devenu un symbole des tensions entre Paris et Niamey. «Face au comportement irresponsable, illégal et déloyal d'Orano, société détenue par l'État français, un État ouvertement hostile au Niger (...) l'État du Niger décide en toute souveraineté de nationaliser la Somaïr», a indiqué la télévision nationale qui faisait le compte-rendu du conseil des ministres.
«Par cette nationalisation, les actions et le patrimoine de la Somaïr sont intégralement transférés en toute propriété à l’État du Niger», poursuit la RTN, qui précise que les détenteurs d’actions bénéficieront d’une «indemnité» de compensation. L’exploitation de l’uranium au Niger est au centre d’un bras de fer entre la junte qui a pris le pouvoir en 2023 à Niamey et le groupe français Orano, dont le capital est détenu à plus de 90% par l’État français.
Paris accusé de former des terroristes
Le dossier est devenu un symbole des tensions entre le régime qui a tourné le dos à la France pour se rapprocher d’autres partenaires comme la Russie ou l’Iran. Niamey accuse régulièrement Paris de vouloir le déstabiliser en «formant des terroristes», sans toutefois apporter de preuves concrètes de ces allégations. En décembre 2024, Orano avait acté la perte du contrôle opérationnel de ses trois filiales minières au Niger : la mine de Somaïr, celle de Cominak (fermée depuis 2021) et le gisement d’Imouraren.
Ce dernier site est l’un des plus importants gisements d’uranium au monde, avec des réserves estimées à 200.000 tonnes, et Niamey a retiré à Orano son permis d’exploitation en juin 2024. Mais le groupe français demeurait majoritaire à plus de 60% dans ces filiales, et a engagé «plusieurs procédures d’arbitrage international» contre l’État du Niger, dont la dernière remonte à fin janvier après la perte du contrôle opérationnel du site de la Somaïr.