Six nations 2024 : montagnes russes tricolores, domination irlandaise, historiques italiens… Le bilan de l'édition
On prend les mêmes et on recommence ? Ce pourrait être la première lecture de ce Six nations 2024 remporté, samedi 16 mars, par l'Irlande devant la France comme l'an passé. Cet opus a pourtant offert quelques surprises et un suspense intact jusqu'à la dernière journée, avec quatre équipes encore en lice pour la victoire finale. Retour sur une édition riche en enseignements.
Les Bleus, entre show et très froid
Ce devait être le Tournoi d'après, celui pour oublier la déception de cette élimination cruelle d'un point en quart de finale de "son" Mondial. Le jour d'après n'aura pas été de tout repos pour le XV de France, balayé d'entrée dans la "finale avant l'heure" par l'Irlande (17-38). Les Bleus sont passés tout près d'une sérieuse gueule de bois, avec trois premières prestations inquiétantes, entre cette raclée irlandaise, la victoire in extremis en Ecosse et le nul heureux contre l'Italie.

En l'absence notamment d'Antoine Dupont parti dans son aventure à 7, Fabien Galthié a dû s'adapter, presque se réinventer à son échelle. L'intégration de sang neuf comme Nolann Le Garrec, Emmanuel Meafou ou Léo Barré pour la quatrième journée au pays de Galles a redonné un nouveau souffle aux Tricolores, en particulier en attaque. La dernière rencontre tout feu, tout flamme contre l'Angleterre (33-31) a confirmé le regain de forme et les promesses, surtout avec le retour probable d'autres cadres dans les mois prochains. "On a vécu un Tournoi d'enfer, au sens propre et au sens figuré, a résumé Fabien Galthié. Sans répit, tout le temps brûlant, tout le temps sur la brèche. On était parfois sur la cime, parfois sur la tranche... Il fallait être solide. Et les joueurs l'ont été."
L'Irlande s'est remise de la Coupe du monde
Si les Français avaient vécu leur élimination en quarts de finale du Mondial comme un petit traumatisme, que dire alors pour le XV du Trèfle ? Les Irlandais aussi avaient pris un coup de massue terrible en perdant de peu à ce stade, contre la Nouvelle-Zélande - future finaliste - alors qu'ils portaient pour la première fois le costume de favori. Eux aussi auraient pu douter, tomber dans la difficulté d'enchaîner les performances au sommet. Résultat ? L'Irlande termine ce Six nations avec la meilleure attaque, la meilleure défense et comme la seule équipe avec un ratio essais marqués/encaissés positif.
Seul bémol, les joueurs d'Andy Farrell ont connu une fin de tournoi plus poussive, une fois sur les rails vers la victoire finale. Leur défaite contre l'Angleterre (23-22) les prive du Grand Chelem et de la Triple couronne, réservée à la nation britannique qui remporte tous les matchs contre ses voisines. Il fallait remonter à l'édition 2017 pour que cette récompense ne soit pas attribuée. La victoire étriquée et sans brio pour le sacre, face à l'Ecosse, laisse entrevoir quelques failles dans cette équipe pas encore redevenue le rouleau compresseur de 2023.
Etat de crise décrété au pays de Galles
Que le temps du Grand Chelem 2021 semble loin désormais. Le pays de Galles a confirmé son grand déclassement, avec sa première cuillère de bois (cinq défaites en autant de rencontres) depuis 21 ans, après avoir terminé avant-dernier des deux dernières éditions. Les Gallois ont conclu leur chemin de croix par une déroute face à leur public contre l'Italie (21-24) lors de la dernière journée.
"C'est un sentiment de déception totale, a déploré le capitaine Dafydd Jenkins. Sans manquer de respect à l'Italie, en tant que groupe de joueurs, nous voulons gagner ces matchs et battre ces équipes. C'est une grande déception." Symbole de ce cauchemar, la légende George North a conclu sa carrière internationale par une sortie sur blessure.
Le retour sur le banc de l'ancien sélectionneur historique Warren Gatland vire au fiasco, même s'il se savait lancé dans une reconstruction lente. Le technicien néo-zélandais a présenté samedi sa démission, qui lui a été refusée. Sa gestion, notamment sur le dernier match, a posé question du côté de Cardiff entre une paire de centres renouvelée à 100%, ou un banc très inexpérimenté au moment d'éviter la dernière place.
Renversante Italie, frustrante Ecosse
Qui aurait cru que l'Italie terminerait meilleure équipe des trois dernières journées de ce Six nations ? Avec deux victoires et un match nul, comme les Bleus, les Transalpins ont signé "le meilleur Tournoi de [leur] histoire" s'est enthousiasmé le troisième ligne Michele Lamaro sur Sky Sports. Hachés menus par la France moins de cinq mois plus tôt en Coupe du monde, les joueurs de Gonzalo Quesada ont montré un tout autre visage, enthousiasmant, sans le moindre complexe. "À chaque match, on a mieux joué que durant le précédent, on a trouvé notre identité de jeu, s'est félicité l'ancien manager du Stade français. Je suis très fier de cette équipe, de notre projet, de notre façon de travailler."
A une pénalité sur le poteau près de Paolo Garbisi à Villeneuve d'Ascq, le bilan aurait été plus flatteur encore, avec une quatrième place devant l'Ecosse. Le XV du Chardon pourra nourrir quelques regrets tant il a échoué de peu contre l'Italie (défaite de deux points), la France et l'Irlande (tous les deux de quatre unités) malgré la présence de Duhan van der Merwe et Finn Russell, respectivement meilleur marqueur d'essais (5, ex aequo avec l'Irlandais Dan Sheehan) et deuxième meilleur réalisateur du Tournoi (55 points derrière les 63 de Thomas Ramos).