Ligue 1 : de héros à indésirable, une invraisemblable fin d'idylle entre Adrien Rabiot et l’OM

En quelques jours, la tempête s’est levée sur le Vieux-Port. Alors que tout allait étrangement bien depuis plusieurs semaines, l’Olympique de Marseille pique (déjà) sa crise. Quatre jours après une défaite inaugurale fâcheuse à Rennes, suivie d’une altercation entre joueurs dans le vestiaire, le club phocéen a pris la décision d’écarter Adrien Rabiot, placé sur la liste des transferts (tout comme Jonathan Rowe) mardi 19 août. Une décision inattendue pour celui qui avait été désigné meilleur joueur de la saison dernière par les supporters.

Aussi fou que cela puisse paraître, c’est bien ainsi que va s’achever l’idylle entre l’ancien joyau du PSG et l’OM : un conte de fées de près d’un an, avant une fin digne de Game of Thrones, aussi violente que soudaine. Taulier du vestiaire, élément central du onze de départ, et vanté pour son attitude exemplaire jusqu'ici, Adrien Rabiot est devenu indésirable en quelques heures à l’OM, après s'être rapidement rendu indispensable à son arrivée en septembre 2024. L’épilogue invraisemblable d’une idylle que personne n’aurait imaginé au départ.

Un Titi parisien vite adopté

Pour tout joueur de football, poser ses crampons dans le contexte passionnel de l’Olympique de Marseille est toujours un défi. Pour Adrien Rabiot, c’était encore plus que cela. Formé puis révélé au Paris Saint-Germain, “le Duc” du Parc des Princes avait surpris son monde en faisant le choix de l’OM en septembre 2024, après cinq saisons pleines à la Juventus Turin. "Je suis très, très content. Très fier d’être ici. C’est un club que j’ai choisi avec le cœur", assurait ainsi l’international français à sa signature à l’OM, après avoir été accueilli en rockstar à l’aéroport, malgré son tampon PSG.

"Je ne m’attendais pas à un si bel accueil. Ça m’a fait chaud au cœur. J’ai senti tout de suite que j’étais apprécié, ça fait du bien pour un joueur. Le premier contact, c’est toujours important. Ça m'a touché."

Adrien Rabiot

sur DAZN

Vice-champion du monde expérimenté et libre de tout contrat, Adrien Rabiot était alors la cerise sur le gâteau du mercato phocéen. Un joueur d’un calibre supposément hors de portée des dirigeants olympiens, auteurs d’un coup de maître. Très vite, l’international tricolore a confirmé les attentes sur le terrain, dans un rôle plus offensif que son habituel poste de sentinelle. Positionné en soutien de l’attaquant, il a été l’homme fort des Olympiens avec 10 buts et 5 passes décisives en 31 matchs toutes compétitions confondues en 2024-2025.

Irréprochable sur le terrain et dans le vestiaire, l’ancien milieu du PSG a été très vite adopté par l’OM et son public. Au point même de porter le brassard de capitaine lors du Classique au Parc des Princes, en mars, une rencontre émaillée par des insultes à l’encontre de ses proches, notamment sa mère, qui est également son agent. L’OM avait alors fait front avec son nouveau taulier. L'idylle semblait totale. Encore plus à l’entame de sa deuxième saison olympienne quand, malgré les approches de plusieurs grandes écuries européennes, Adrien Rabiot a décidé de rempiler à Marseille.

"Ici, il y a un vrai projet, une belle saison à faire et quelque chose à mettre en place. Je veux vivre des émotions, prendre du plaisir et en donner à nos supporters", justifiait-il dans les colonnes de la Provence, le 9 août. Un large entretien dans lequel le joueur s’épanchait sur son bien-être dans la cité phocéenne, ses ambitions de concurrencer le PSG, son plaisir à travailler sous les ordres de Roberto De Zerbi, et son rôle de cadre dans le vestiaire de l’OM. "Je préfère être dans un club comme celui-là où il y a peut-être parfois des excès, que dans un club où ne vit rien", prophétisait-il ensuite, sans savoir qu’il serait au cœur de la prochaine crise marseillaise.

Son attitude pointée du doigt

Souvent cité en référence par le staff, le Duc Rabiot semblait parti pour une deuxième saison royale sur le Vieux-Port. Installé au poste de numéro dix pour le premier match de championnat de la saison, l’international tricolore avait clairement hérité des clés du camion phocéen. C’était avant sa sortie de route, dans le vestiaire, suite à la défaite rageante des siens (0-1). Au milieu d’un vestiaire dont les murs ont tremblé sous la colère des uns et des autres, Adrien Rabiot en est venu aux mains avec son coéquipier anglais Jonathan Rowe.

Après avoir tenté de minimiser l’incident, l’Olympique de Marseille avait écarté temporairement les deux joueurs du groupe, en guise de punition. Ce qui n’avait pas manqué de faire réagir des supporters. "On sait que le club cherche à vendre Rowe, pour financer la fin du mercato, donc ça ne dérange pas. Tant qu’ils ne touchent pas à Rabiot…", déclarait ainsi Benoît, abonné du Virage Sud, quelques heures avant que l’OM n’annonce placer Adrien Rabiot sur la liste des transferts. Prise à l’initiative de l’entraîneur Roberto De Zerbi, cette décision paraissait en effet impensable.

Au-delà de l’altercation rennaise, l’entraîneur italien lui reproche un manque d’investissement, aux antipodes de l’image que renvoyait le joueur, et de sa cote de popularité. Mais aussi de ce que disait de lui Roberto De Zerbi, vantant souvent son professionnalisme et sa rigueur. "Je suis dans un club où je suis apprécié à ma juste valeur et où les choses se passent très bien, ça me permet d’être moi-même, détendu, mais toujours aussi déterminé sur le terrain. Vivre de ma passion dans ces conditions-là, c’est exceptionnel", avait répondu Rabiot, dans La Provence.

"C’est le meilleur homme que j’ai eu dans un vestiaire dans toute ma carrière", assurait même le président Pablo Longoria, dans la série diffusée pendant l’été par le club. Série dans laquelle on pouvait également entendre Roberto De Zerbi hurler, en pleine séance d’entraînement, son niveau d’exigence : "Celui qui travaille, je le respecte. Celui qui ne travaille pas, qu’il s’appelle Greenwood, Rongier, Rabiot, Hojbjerg, je n’en ai rien à cirer !". De là à imaginer l’OM pousser vers la sortie son meilleur joueur, à dix jours de la clôture du mercato ? C’est bien le scénario de cet invraisemblable début de saison. Reste à savoir si Adrien Rabiot partira, et comment l’OM comblera le vide qu’il laissera.