Le Canada, 51e État américain ? Une nouvelle boutade de Donald Trump enflamme les débats

«Le Canada n’a qu’à devenir le 51e État américain». Voici la nouvelle «blague» de Donald Trump qui défraye la chronique. Vendredi 29 novembre, le président élu des États-Unis a reçu le premier ministre Justin Trudeau et plusieurs élus canadiens dans sa célèbre résidence de Mar-a-Lago à Palm Beach. Ce dîner, demandé par Ottawa, avait pour but d’échanger au sujet d’une potentielle augmentation des droits de douane de 25 % pour tous les produits en provenance du Canada, de la Chine et du Mexique, évoquée la semaine dernière par le vainqueur de la présidentielle américaine.

À la fin de ce repas, agrémenté de crabes et d’huîtres et qui aurait duré près de trois heures, les deux partis se sont déclarés satisfaits. Alors que le 47e président américain évoquait une réunion «très productive», son homologue canadien l’a remercié dans un post sur X (ex-Twitter) et ajouté : «il y a beaucoup de travail que nous pourrons accomplir ensemble, encore une fois».

Or certains détails sur ce «souper» ont fini par fuiter et, le 2 décembre, Fox News en a rapporté quelques-uns. Selon deux personnes ayant assisté aux échanges, Donald Trump, bien que cordial et accueillant, aurait été très direct lorsqu’il s’est agi de savoir ce qu’il attendait de son homologue du Nord. Il aurait en effet déclaré que le Canada avait «failli à sa mission à la frontière américaine», en laissant passer de grandes quantités de drogues et de migrants, y compris des immigrés clandestins originaires de plus de 70 pays différents. 

100 milliards de dollars de déficit commercial canadien

Les sources indiquent que Donald Trump est devenu «plus animé» lorsqu’il a été question du déficit commercial des États-Unis avec le Canada, qu’il a estimé à plus de 100 milliards de dollars. Le président élu aurait affirmé que si le Canada ne parvenait pas à régler ses problèmes frontaliers et à combler son déficit commercial, il imposerait des droits de douane de 25 % sur tous les produits canadiens dès le premier jour de son entrée en fonction.

Justin Trudeau aurait alors répondu à Donald Trump qu’il ne pouvait pas imposer de tels droits de douane sans risquer de tuer complètement l’économie canadienne. Le président élu aurait répliqué : «Votre pays ne peut donc pas survivre s’il n’arnaque pas les États-Unis à hauteur de 100 milliards de dollars ?». Il aurait ensuite suggéré à son homologue que le Canada devienne le 51e État des États-Unis, provoquant des rires nerveux chez le premier ministre et les autres convives.

Or au lieu de s’en arrêter là, Donald Trump se serait montré plus insistant, en déclarant qu’être premier ministre canadien était «une très bonne fonction, mais qu’il pourrait toujours être gouverneur du 51e État». Un invité aurait ajouté son grain de sable et conseillé au président élu de faire du Canada «un État très libéral», ce qui a suscité davantage d’éclats de rire. Donald Trump aurait donc suggéré la création de deux États, l’un conservateur et l’autre libéral, dont Justin Trudeau serait le gouverneur.

«Oh Canada !»

Mardi 3 décembre, le président élu est allé plus loin encore en publiant sur son réseau Truth Social une image générée par intelligence artificielle le représentant dans les montagnes canadiennes, regardant au loin, aux côtés de l’Unifolié. Cette ultime provocation, republiée plus de 10.000 fois, a été accompagnée de la description «Oh Canada !». S’agissait-il de la plaisanterie de trop ?

Publication de Donald Trump sur son réseau social Truth Social

Les élus présents vendredi au dîner ont dès lors tenté de contenir l’emballement médiatique et politique. Le ministre canadien de la Sécurité publique Dominic LeBlanc a par exemple affirmé que Donald Trump «racontait des blagues» lors d’une soirée conviviale, dans une ambiance «cordiale et chaleureuse» où des sujets «sérieux» ont pu être abordés. «Le président nous taquinait», a-t-il ajouté, selon des propos rapportés par l’agence de presse américaine Associated Press. D’après lui, le fait que le président «puisse plaisanter de la sorte avec nous» est signe de bonnes relations.

Or tous ne sont pas de cet avis. Pierre Paul-Hus, un député conservateur, s’est emporté dans une publication sur X : «C’est ça le gain pour Justin Trudeau ? Ridiculiser le Canada? Donc c’était clairement un dîner de cons…» Le chef du Bloc Québécois (parti nationaliste), Yves-François Blanchet, invité sur la chaîne LCN à commenter l’affaire, a déclaré : «J’y vois une blague et je ne suis pas certain qu’elle soit de bon goût». Il ne s’est toutefois pas étonné que ce genre de propos puissent sortir de la bouche du président élu. «C’est une boutade tout à fait à la Donald Trump», a-t-il souligné. «On voit ce qu’il peut faire quand il est de bonne humeur, on sait déjà ce qu’il peut faire quand il est de mauvaise humeur».

Seul l’ancien premier ministre canadien Jean Charest a décidé de répondre à la provocation du président élu avec humour. Dans une publication sur son compte X, il a averti : «Si j’étais le président Trump, je réfléchirais à deux fois avant d’envahir le Canada. La dernière fois que les États-Unis ont tenté une telle chose —pendant la guerre de 1812— ça ne s’est pas très bien terminé. Le Canada a même incendié la Maison-Blanche»

En attendant certains prennent cette blague d’annexion très au sérieux. Donald Trump avait déjà tenté d’acheter, sans succès, le Groenland au Danemark en 2019.