Quintuple homicide dans le Nord : le suspect mis en examen pour «assassinats» et «meurtres»
Quatre jours après le quintuple meurtre par balles survenu samedi dans le Nord, dans les environs de Dunkerque, le procureur de la République de Dunkerque, Charlotte Huet, a tenu une conférence de presse ce mardi soir afin de détailler le déroulé des faits. Elle y a annoncé que le suspect avait été mis en examen pour «assassinat», à l’encontre de trois de ses victimes, à savoir son ex-employeur et deux agents de sécurité, et «meurtres» pour les deux personnes de nationalité iranienne tuées.
Le tueur présumé, âgé de 22 ans, a été placé en garde à vue après s’être présenté à la gendarmerie de Ghyvelde (Nord) samedi vers 17H20, soit deux heures après le premier meurtre. Une enquête a été ouverte pour «meurtres précédés, accompagnés ou suivis d’un autre crime» et «acquisition, détention, port et transport d’armes de catégorie A et B», des faits passibles de la réclusion à perpétuité. Elle a été confiée à la division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS) du service interdépartemental de la police judiciaire du Nord (SIPJ 59).
Samedi, les pompiers du Nord ont été appelés à intervenir à 15h15 pour une première victime à Wormhout. Selon le Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) du Nord, il s’agit d’un homme de 29 ans, trouvé «inanimé sur voie publique et allongé avec impact de balle», qui est décédé sur place. Les pompiers ont ensuite été appelés en renfort vers 16H20, «pour des blessés potentiellement par balles», à Loon-Plage, près de Dunkerque. Deux agents de sécurité et deux migrants ont été tués dans cette zone, ont indiqué la préfecture et la Direction interdépartementale de la police nationale (DIPN) du département.
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Le suspect a reconnu les meurtres
D’après la magistrate ce mardi soir, «la première personne tuée à Wormhout était l’ancien employeur du suspect», a-t-elle déclaré. Les deux victimes suivantes étaient agents de sécurité. La qualification d’assassinat a été retenue pour ces trois victimes. Pour les deux personnes de nationalité iranienne tuées, le «mobile doit encore être approfondi». Ces dernières ont été la cible du suspect, alors qu’elles passaient «à côté de la voiture» du tireur.
Le suspect a utilisé une carabine de calibre 44, ainsi qu’un fusil de chasse de calibre 12. «En plus des cinq armes qui ont été retrouvées dans le véhicule, 12 armes à feu ont été retrouvées» au domicile du suspect. Nombre d’entre elles sont de catégorie B. Âgé de 22 ans, le suspect est sans-emploi, réside chez ses parents, et n’a jamais été condamné auparavant. Il pratique le tir sportif et détenait une licence le lui permettant. «Le mis en cause a reconnu les cinq meurtres, et a confirmé avoir agi seul», a précisé le procureur.
Lundi, l’avocate du tireur, Véronique Planckeel, a souligné que son client, en garde à vue depuis samedi, «a spontanément reconnu les faits». Il est «très calme», mais elle n’est «pas sûre que ce garçon comprenne vraiment les conséquences de ses actes» ni qu’il «sache lui-même quoi répondre» aux enquêteurs. Il ne présente toutefois pas d’abolition du discernement, selon le procureur ce mardi.
Le tireur présumé a travaillé pour sa première victime ainsi qu’au sein de l’entreprise où exerçaient les deux suivantes. Sa première victime était âgée de 29 ans et dirigeait une société de transport routier. Les deux agents de sécurité officiaient eux pour une filiale d’Eamus Cork Security (ECS), entreprise dans laquelle a été salarié le suspect. Il y a effectué «une période de formation et de contrat de professionnalisation» d’environ quatre mois jusqu’à août 2023, durant laquelle il n’a été la cible d’«aucun reproche», a précisé Patrick Guerbette, fondateur d’ECS. Selon lui, il n’avait alors «pas du tout» été en contact avec les deux agents pris pour cible. Le suspect «a démissionné de sa mission avant la fin de sa formation, apparemment (...) pour suivre une formation, je crois, dans le transit routier», a précisé Patrick Guerbette lors d’une deuxième prise de parole, dans l’après-midi.