Remaniement, budget, grogne sociale... La semaine à haut risque de Sébastien Lecornu

À Matignon depuis moins d’un mois, Sébastien Lecornu aborde déjà une semaine décisive. D’ici lundi prochain, le nouveau premier ministre doit mener de nouvelles tractations, détailler sa copie budgétaire, affronter une nouvelle mobilisation sociale, suivre le renouvellement des instances à l’Assemblée, former son nouveau gouvernement et présider un potentiel premier conseil des ministres ce week-end.

Un marathon dont l’enjeu n’est ni plus ni moins la censure... ou le sursis. La course débute ce lundi avec la réception à Matignon des chefs de partis du socle commun. Mais le rendez-vous crucial est pour vendredi, avec les patrons du PS. Ceux-ci se sont étranglés dimanche, quand Sébastien Lecornu a annoncé écarter la taxe Zucman et la suspension de la réforme des retraites. Au point qu’Olivier Faure évoque déjà une rencontre de la dernière chance et pose un ultimatum : si le PS n’obtient pas satisfaction, ce sera la censure. Si le premier ministre échoue à s’arrimer le parti à la rose, il n’aura d’autre choix que d’attendre la censure... ou de se tourner vers le RN. Une solution inenvisageable pour les patrons du socle commun.

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Nouvelle mobilisation le 2 octobre

Le premier ministre doit annoncer son nouveau gouvernement «avant le début des travaux parlementaires». La session ordinaire du Parlement s’ouvre ce mercredi 1er octobre. Mais les journées de mercredi et jeudi sont consacrées au renouvellement des instances du Palais Bourbon (membres du bureau, présidences de commission). Ce qui laisse deux options de calendrier pour l’annonce de la nouvelle équipe gouvernementale. Soit jeudi soir, si Sébastien Lecornu veut profiter de l’escale d’Emmanuel Macron sur le sol français. Le chef de l’État reviendra en effet du Danemark et repartir pour l’Allemagne et le Luxembourg vendredi. Mais le plus probable est sans doute une annonce dans le courant du week-end, après la rencontre de vendredi avec les socialistes.

Dos au mur, Sébastien Lecornu l’est aussi pour finaliser le budget 2026. Ses grandes lignes, tenues secrètes, ont déjà été envoyées au Conseil d’État. Un projet complet est attendu «autour du 1er octobre», soit cette semaine, par le président du Haut conseil pour les finances publiques Pierre Moscovici. Sébastien Lecornu est attendu au tournant non seulement par les responsables politiques mais l’opinion, lassée par avance par le retour potentiel du psychodrame budgétaire. D’autant que dimanche, Sébastien Lecornu s’est contenté de quelques annonces vagues : coupe de 6 milliards dans le train de vie de l’État, lutte contre les fraudes sociales et fiscales, pour un projet à 4,7% de déficit...

L’équation budgétaire n’est pas simple à résoudre. Sébastien Lecornu devra satisfaire le PS, sans dépasser les lignes rouges posées par les Républicains et les centristes, tout en conservant le cap de l’effort budgétaire. Le risque étant, à la fin, de mécontenter tout le monde. Sans compter l’intersyndicale, qui a appelé à une nouvelle journée de mobilisation jeudi et entend bien, elle aussi, obtenir des concessions. Si Sébastien Lecornu parvient à sortir par le haut de cette semaine horribilis, il lui faudra encore prononcer un discours de politique générale en début de semaine prochaine. Mais après une telle semaine, parcours de santé.