Lunettes de soleil, veste et pantalon de cow-boy rouges, bagues argentées... Dans un style célébrant le 250e anniversaire de la fondation des États-Unis, le chanteur Kid Rock s’est rendu lundi dans le bureau ovale de la Maison Blanche pour assister à la signature d’un décret « très sérieux » destiné à protéger les fans contre les « prix fous » des billets de concerts. Ce décret a pour but de lutter contre « la vente à la sauvette » et la tarification dynamique en introduisant « des formes de bon sens », a déclaré Donald Trump, « ami de longue date » de l’artiste, dans des propos relayés par le Guardian .
Démocratisé par le service de billetterie américain Ticketmaster, le dispositif du tarif dynamique permet de faire évoluer les prix des places en fonction de la demande. Les billets sont proposés à des prix plus élevés - parfois de plusieurs centaines d’euros - que les places officielles. Billie Eillish, Taylor Swift, ou encore Oasis ont récemment eu recours à cette prestation, alors que le chanteur et guitariste Neil Young a décidé d’arrêter cette pratique lucrative il y a quelques jours.
« Quiconque a acheté un billet de concert au cours des dix, voire des vingt dernières années, quelles que soient ses opinions politiques, sait que c’est un casse-tête », a expliqué Kid Rock à Donald Trump, dans le bureau ovale. Avant d’ajouter : « On achète en ligne une place à 100 dollars, le temps de valider le paiement, le prix est monté à 170 dollars. On ne sait pas ce qu’on nous facture... »
« Make America Fun Again »
Avec ce nouveau décret, le patron du Trésor, Scott Bessent, ainsi que le procureur général des États-Unis, Pam Pondi, veilleront à freiner les « intermédiaires sans scrupule qui imposent des frais exorbitants », a déclaré la Maison Blanche. En 2023, l’administration Biden a posé les jalons d’une modération. « Les vendeurs à la sauvette utilisent des robots et d’autres moyens déloyaux pour acquérir de grandes quantités de billets puis les revendent avec une marge énorme sur le marché secondaire, en escroquant les consommateurs et en privant les fans de la possibilité de voir leurs artistes préférés », indiquait alors un texte de loi entré en vigueur la même année. Un fléau que Donald Trump a décidé de prendre en main plus vigoureusement. « Je ne savais pas grand-chose à ce sujet, mais j’ai vérifié, et c’est un gros problème », a-t-il dit en amont de la signature du décret.
« Tu essaies de changer cela depuis presque 20 ans, Trump l’a fait en deux semaines »
Donald Trump à Kid Rock
Kid Rock a, lui, souligné que chaque parti avait tout intérêt à s’attaquer aussi à la tarification dynamique. Le chanteur a précisé que Ticketmaster était « d’accord » avec ces nouvelles réglementations. « Il y a beaucoup d’argent à distribuer. Personne ne sera perdant ici », a-t-il poursuivi.
Non sans humour, l’artiste s’est présenté comme un « capitaliste trop payé» préférant être « un héros pour les gens de la classe ouvrière ». Il a d’ailleurs exhorté le Congrès à adopter une législation pour plafonner le prix de la revente des billets. Cette initiative a été défendue par Live Nation, maison mère de Ticketmaster, qui annonce dans un communiqué « soutenir le décret». Avant de poursuivre : « Les escrocs et les bots empêchent les fans d’obtenir des billets aux prix fixés par les artistes, et nous remercions le président Trump de prendre ce problème à bras-le-corps .»
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Au moment de la signature, Donald Trump a prié Kid Rock de faire « bon usage » du décret. « Tu essaies de changer cela depuis presque 20 ans, Trump l’a fait en deux semaines », s’est enorgueilli le président américain avant que le chanteur ne brandisse fièrement le texte en scandant « Make America Fun Again ». Et pour ceux qui se posent encore la question, Donald Trump n’est « pas certain » de porter un jour la veste rouge de Kid Rock.