Meurtre d’Alban Gervaise devant une école catholique à Marseille : l’agresseur déclaré pénalement irresponsable

Mohamed L., le meurtrier d’Alban Gervaise, a été déclaré pénalement irresponsable par la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Aix-en-Provence ce mercredi 25 juin, a appris Le Figaro d’une source proche du dossier. Il ne sera donc pas jugé par une cour d’assises, échappant ainsi à la prison, mais restera hospitalisé sous contrainte pour une durée inconnue à ce jour.

Cette décision était attendue, les trois expertises psychiatriques réalisées au cours de l’instruction ayant conclu à une abolition du discernement du meurtrier au moment des faits. Atteint d’un possible début de schizophrénie, Mohamed L. aurait, selon les experts, eu une «bouffée délirante aiguë» lors du passage à l’acte. Il était positif au cannabis pendant sa garde à vue.

Un meurtre barbare

Alban Gervaise, 40 ans, a été tué le 10 mai 2022 à proximité du groupe scolaire catholique Sévigné, à Marseille. Le père de famille venait chercher ses deux fils de 3 et 7 ans à l’école. Installé dans sa voiture, avec sa fille de 20 mois dans un siège auto à l’arrière, le médecin militaire a été attaqué par Mohamed L., 23 ans, subitement monté à bord du véhicule côté passager.

L’agression s’est poursuivie à l’extérieur du véhicule. L’assaillant, sans casier judiciaire mais connu des services de police pour des affaires de stupéfiants, l’a poursuivi à pied sur une vingtaine de mètres puis l’a poussé dans un laurier où il l’a poignardé à une dizaine de reprises, notamment au niveau du cœur. Un acharnement et une violence tels qu’une lame de couteau cassée avait été retrouvée sur place. Alban Gervaise avait succombé à ses blessures après 17 jours de réanimation.

L’agresseur avait ensuite été maîtrisé par deux passants, qui l’avaient immobilisé. «Laissez-moi le finir, au nom de Dieu. Je vais le finir. C’est le diable. Je lui ai mis trente coups de couteau», avait déclaré mot pour mot Mohamed L. à l’arrivée des policiers. Son état avait alors été jugé compatible avec un placement en garde à vue.

Une heure avant d’agresser Alban Gervaise, le meurtrier s’était rendu devant une autre école, Saint Jérôme Les Lilas, dans le 13e arrondissement de Marseille. Sur le parking de l’établissement, il s’était là aussi introduit de façon soudaine dans la voiture d’une enseignante qui était parvenue à prendre la fuite. Élément troublant, Mohamed L. avait été aperçu devant l’école Sévigné le vendredi précédant le meurtre. L’enquête n’a pas permis de démontrer une motivation «religieuse» ou «terroriste».

Hospitalisé en psychiatrie

Mohamed L. a été incarcéré à la prison des Baumettes, à Marseille, de mai à août 2022 puis transféré en hôpital psychiatrique, au sein d’unité pour malades difficiles (UMD), après avoir tenté d’agresser un surveillant de prison. En juin 2024, il a été transféré vers une unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA), accueillant des individus considérés comme moins dangereux.

Les individus non accessibles à une sanction pénale peuvent, en théorie, être hospitalisés plusieurs années, voire toute leur vie pour certains. Tout dépend de leur pathologie et de la nature des faits commis. À quelle échéance le meurtrier d’Alban Gervaise sera-t-il remis en liberté ? Difficile à dire à ce stade. Une chose est sûre : deux experts psychiatres devront valider sa sortie. Cette perspective inquiète Christelle Gervaise, l’épouse d’Alban Gervaise, qui craint une récidive et de «nouvelles vies brisées».