Serge Halimi ne veut pas de Charlotte Gainsbourg pour incarner sa mère au cinéma

Cinq ans après sa disparition, deux ans après l’hommage national rendu dans la cour des Invalides, Gisèle Halimi doit faire l’objet d’un film. Un long-métrage qui se concentrera sur le médiatique procès de Bobigny, de 1972, au cours duquel l’avocate a obtenu la relaxe d’une mineure victime de viol et poursuivie pour « avortement ». Pour incarner le personnage principal, la production a fait appel à Charlotte Gainsbourg.

Un choix qui déplaît à l’un des fils de la militante féministe, Serge Halimi. L’ancien directeur du Monde diplomatique estime que l’actrice peut difficilement incarner sa mère après avoir signé, dans Le Figaro, le 19 septembre, une tribune appelant Emmanuel Macron à conditionner la reconnaissance d’un État palestinien à la libération des otages et au démantèlement du Hamas. Une lettre ouverte que Gisèle Halimi, selon son fils, aurait lue « avec dégoût ».

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« Elle ne dit rien des crimes de guerre israéliens pourtant qualifiés de génocide par nombre d’organisations internationales. Charlotte Gainsbourg vient ainsi, sans l’avoir voulu, de rappeler tout un pan trop peu connu de la vie militante de Gisèle Halimi, du Tribunal Russell sur la Palestine à sa défense de Marwan Barghouti », tempête Serge Halimi dans un texte publié par Blast, média en ligne ancré à gauche.

Sa mère avait soutenu, en 2009, un tribunal d’opinion destiné à mettre fin à « l’impunité d’Israël ». Cette militante anticoloniale faisait aussi partie, en 2002, des conseils de Barghouti, ancien chef du Fatah et figure de la cause palestinienne toujours emprisonné en Israël - il pourrait faire partie des favoris à l’élection présidentielle prévue l’an prochain. En 2014, Gisèle Halimi estimait dans L’Humanité qu’« un peuple aux mains nues – le peuple palestinien – est en train de se faire massacrer ». Elle réagissait aux morts de la deuxième guerre de Gaza

Charlotte Gainsbourg, elle, appartiendrait au « camp, peu honorable, des avocats inconditionnels d’Israël ». En 2023, le même Serge Halimi avait refusé de se rendre à l’hommage national présidé par Emmanuel Macron. Pour cause de désaccords politiques. Cette commémoration survenait en pleine mobilisation contre une réforme des retraites que la militante féministe aurait combattue, selon son fils. À l’inverse, l’avocat Jean-Yves Halimi, frère de Serge, s’était dit « très satisfait » à l’annonce de cet hommage.