Monument en péril. Après avoir sauvé in extremis sa peau en Top 14 ces trois dernières saisons, le club de Perpignan, quintuple champion de France (le dernier titre en 2009), voit déjà, au bout de seulement quatre journées, se profiler le spectre d’une nouvelle saison galère. La faute, en premier lieu, a un début d’exercice entamé par quatre défaites, surtout deux à Aimé-Giral, contre Bayonne (19-26) et le Racing 92 (15-28).
Malgré le dernier revers concédé à Marcel-Deflandre face à La Rochelle (31-8), le manager Franck Azéma tentait de positiver : «Le score est lourd, ce n’est pas ce qu’on était venus chercher. On était au contact en première période mais ensuite on a payé cash chaque erreur sur nos sorties de camp. On a beaucoup défendu avec beaucoup d’énergie, d’engagement, ce qui m’a plu. Il y a des choses auxquelles s’accrocher...» Problème, l’Usap se retrouve déjà en queue de peloton, avec zéro point, quand le promu Montauban a débloqué son compteur avec un match nul face à Montpellier. Et le technicien catalan d’ajouter : «On n’avance pas au classement. Le reste nous appartient. On aura besoin toute la saison de tout notre effectif. Il y a des choses sur lesquelles on bosse, reste à savoir comment on va l’exprimer.»
Passer la publicitéOn est toujours à zéro point au classement. Ça ne suffit pas, les matchs qui sont joués, on ne les rattrapera pas
Mathieu Tanguy, deuxième-ligne de l’Usap
Perpignan s’était pourtant renforcé à l’intersaison, notamment en troisième ligne avec les massifs Peceli Yato (Clermont), Mahamadou Diaby (UBB), Mattéo Le Corvec (Toulon) mais aussi l’international écossais Jamie Ritchie, «le plus gros transfert de (la) carrière» du président François Rivière à la tête du club depuis 2013. Pour l’heure, la mayonnaise peine à prendre, la faute à une inconstance rédhibitoire. «On peut être satisfaits de pas mal de choses, mais on est toujours à zéro point au classement. Ça ne suffit pas, les matchs qui sont joués, on ne les rattrapera pas, positivait le week-end dernier le deuxième-ligne Mathieu Tanguy. Il faut se servir de ce match pour avancer, on a fait de très bonnes choses en première mi-temps. On a fait quarante, cinquante bonnes minutes à l’extérieur. Il faut en faire quatre-vingt.»
Pour la venue du Stade Français Paris, samedi (16h35) à Aimé-Giral, les Perpignanais n’ont déjà plus le droit à l’erreur. D’autant que les Parisiens, s’ils restent souverains à Jean-Bouin, n’y arrivent plus à l’extérieur : à Lyon, ils ont concédé une 18e défaite de rang, leur dernier succès au-delà du périphérique remontant au 30 mars 2024 à Montpellier (10-12). Faux pas de l’Usap interdit. Surtout devant le bouillant public d’Aimé-Giral, qui va être privé de match à l’avenir... Lors du match perdu face au Racing 92 (15-28), des débordements ont eu lieu dans l’enceinte perpignanaise : un supporter est entré sur la pelouse (avant d’être rapidement arrêté) et de nombreux jets de bière venus des tribunes ont eu lieu.
Ça fout les boules parce qu’on n’a pas envie de passer pour des pipes
Franck Azéma, manager de Perpignan
«On n’a pas besoin de ça. Est-ce qu’il y a de la frustration chez les gens ? Oui. Est-ce que ça permet de faire ça ? Non. La frustration, on en a. Moi aussi, j’en ai tous les jours. Je fais avec, avait réagi Franck Azéma auprès du quotidien L’Indépendant. Ça fait partie de la pression qu’il y a à Perpignan. Sinon, il ne faut pas entraîner ou jouer ici...» L’Usap est passé ce mercredi devant la commission de discipline et a été condamné à une suspension de stade pour deux matches (dont un avec sursis) et à une amende de 50.000 euros (dont 2.000 avec sursis).
Cette suspension de stade devrait s’appliquer, selon les informations du quotidien local L’Indépendant, au match contre Montpellier, le samedi 22 novembre à l’occasion de la 10e journée, et la délocalisation devrait avoir lieu dans une enceinte située à au moins 75 kilomètres de Perpignan. Avant l’annonce de cette condamnation, le président François Rivière avait renforcé les mesures de sécurité, avec notamment un pesage réservé exclusivement aux abonnés, avec un filtrage renforcé.
Pas les conditions idéales pour préparer la «mission maintien» qui a déjà commencé. Pour l’instant, les déconvenues s’enchaînent et Franck Azéma, après la claque reçue face aux Racingmen, ne cachait pas son amertume. «Ça fout les boules parce qu’on n’a pas envie de passer pour des pipes, avait-il cinglé. On passe notre temps à s’entraîner pour se dire comment on va bonifier les choses. Mais quand je vois le rendu, je sais que les gens sont en colère. Je le comprends. La frustration, elle est la même pour nous.» Face à La Rochelle, la fébrilité des Sang et Or, pourtant auteurs d’une bonne entame de match, avait été patente : 19 pénalités concédées au total et deux essais encaissés en trois minutes après l’expulsion du pilier Giorgi Tetrashvili. En début d’exercice, Franck Azéma avait fixé le cap : «Faire mieux que ce qu’on a fait.» Ce n’est pas le cas pour l’instant...