La France prépare une liste de ressortissants algériens aux "profils dangereux", annonce Retailleau

En pleine crise entre Paris et Alger, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé, lundi 3 mars, que la France est en train de préparer une liste de centaines de ressortissants algériens aux "profils dangereux" qu'elle compte présenter aux autorités algériennes, en vue de leur expulsion.

"Nous sommes en train d'établir une liste de plusieurs centaines de personnes qui ont des profils dangereux [...]. Bien sûr, ils n'ont pas tous la même dangerosité [...]. Ces gens-là, dont il est établi qu'ils sont des ressortissants algériens, nous allons les présenter aux Algériens" pour leur demander de les reprendre, a-t-il indiqué sur RMC/BFMTV.

Ces individus présentent un danger, "parce qu'ils ont commis des troubles à l'ordre public ou parce qu'ils figurent dans notre fichier des radicalisés pour terrorisme", a précisé Bruno Retailleau.

La réaction de l'Algérie à cette demande "sera l'épreuve de vérité", a jugé le ministre de l'Intérieur.

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"Garantir la sécurité des Français"

"Ma mission", a plaidé le ministre, "elle est de protéger les Français, et je ne veux pas que ce qui s'est produit à Mulhouse se reproduise demain [...]. À Mulhouse, un terroriste a tué un homme qui était un ressortissant portugais. Il aurait dû être en Algérie. Nous l'avions présenté à de multiples reprises aux Algériens qui l'avaient refusé", a-t-il poursuivi.

"Ce que je souhaite, c'est que l'Algérie, encore une fois pour garantir la sécurité des Français, reprenne ses ressortissants, conformément au droit international", a souligné celui qui est aussi candidat à la présidence de LR. Car, a-t-il martelé, "l'Algérie ne respecte pas, de manière unilatérale, les accords internationaux".

Bruno Retailleau fait ici référence à la Convention internationale de Chicago de 1944 et surtout l'accord conclu avec la France en 1994, selon lequel "un ressortissant algérien doit être accepté par l'Algérie".

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Interrogé sur l'octroi par le ministère de l'Intérieur de visas pour le temps du Ramadan à des imams venant surtout du Maroc, mais aussi parfois d'Algérie, le ministre a jugé qu'"il n'y a aucun paradoxe".

"C'est le ramadan et nous accordons depuis des dizaines d'années des facilités à des imams, des psalmodieurs, qui viennent pendant 40 jours" et "sont strictement contrôlés", a développé Bruno Retailleau, disant préférer "des gens qui viennent sur une courte période plutôt que certains qui s'autoproclament imams et qui tiennent des discours de haine".

"Ce que ne voit pas le Rassemblement national, c'est que si on mettait des entraves au culte pour des compatriotes qui respectent les principes de la République, on creuserait en réalité le séparatisme et on les ferait basculer du mauvais côté de la barrière", a-t-il affirmé.

Avec AFP