Viol à l'hôpital Cochin : l’accusé au «style impulsif» et «pervers» condamné à 11 ans de réclusion criminelle

Viol à l'hôpital Cochin : l’accusé au «style impulsif» et «pervers» condamné à 11 ans de réclusion criminelle

Isabelle a été violée à l'hôpital Cochin dans la nuit du 27 au 28 octobre 2022. JOEL SAGET / AFP

Dans ses motivations, que Le Figaro a pu consulter, la cour criminelle de Paris a retenu le «profil inquiétant» de Faïd Abdellah, son caractère «pervers» et son intolérance à la frustration.

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Faïd Abdellah, 24 ans, a été condamné à 11 ans de réclusion criminelle pour avoir abusé sexuellement d'une femme inconsciente à l'hôpital Cochin à Paris en octobre 2022. Mardi soir, la cour criminelle l’a reconnu coupable de «viol sous l'emprise de stupéfiants et d'alcool sur une personne vulnérable», ainsi que de «vol et escroquerie». Ce Jordanien, visé par plusieurs Obligations de quitter le territoire (OQTF) avant les faits, a également été condamné à l'interdiction définitive du territoire français et à l’inscription de son nom au Fijais, le fichier des délinquants sexuels.

Dans ses motivations, que Le Figaro a pu consulter, le tribunal a retenu «le risque important de réitération» de l’accusé. Les magistrats se sont notamment fondés sur le rapport de l’expert psychologue qui a souligné le «profil inquiétant» de Faïd Abdellah, «ce, d’autant que la victime est une femme lui étant totalement inconnue et qu’il est un sujet encore très jeune, la pulsion libidinale étant à son apogée». Le comportement que ce dernier a adopté à l’audience révèle une «forme de perversité (…) un style impulsif, une faible tolérance à la frustration» et une «absence de reconnaissance de la souffrance de la victime», a encore estimé l’expert. 

«Une scène d’horreur»

Les faits pour lesquels il était jugé en ce début de semaine se sont déroulés dans la nuit du 27 au 28 octobre 2022. À la barre, la victime âgée de 36 ans a expliqué avoir consommé ce soir-là de l'alcool au Rosa Bonheur, une péniche festive du 7e arrondissement où elle avait ses habitudes. Le ventre vide, elle avait fait un malaise, chuté lourdement sur la tête et avait été conduite aux urgences de l'hôpital Cochin. Sur place, la jeune femme s'était endormie dans son box avant d'être réveillée «par la douleur». «J'ai regardé devant moi et là, j'ai vu une scène d'horreur», a-t-elle détaillé. Un homme avait «sa main et deux ou trois doigts enfoncés au fond de mon vagin et il faisait des allers-retours extrêmement forts et rapides». L'agresseur avait ensuite pris la fuite, emportant la carte bancaire de la victime pour s’acheter une bière et des cigarettes dans une épicerie à quelques centaines de mètres du lieu du crime.

Les descriptions du suspect effectuées par la victime et le personnel hospitalier convergeaient vers un jeune de type nord-africain, mesurant environ 1,80 m et barbu qui avait été hospitalisé à Cochin en état d’ébriété peu de temps après la victime. Auditionné, le directeur du bar a indiqué avoir aperçu cet homme plus tôt aux abords du Rosa Bonheur, tournant «comme un rôdeur mal intentionné» autour de la victime alors qu'elle se trouvait au sol après sa chute. Interrogé par la présidente de la cour criminelle, Faïd Abdellah a oscillé entre les «je ne me souviens pas» et les changements de versions. En larmes, il a fini par demander à garder le silence, répondant de temps à autre aux questions de la cour.

«Impact dévastateur» pour la victime

Pendant les deux jours de procès, le mystère est resté entier autour de ce Jordanien sans attache en France, travailleur du BTP, au «récit incertain et fluctuant» tant sur le déroulé des faits que les éléments de sa vie personnelle. Lors de l'enquête, l’accusé avait d'abord nié les faits, avant de les reconnaître à la toute fin de l'instruction. Il avait alors admis avoir consommé «de la cocaïne et du cannabis» et violé la victime, pensant «que ça lui plaisait» et qu'elle «avait l'air heureuse» et «d'accord». «Si elle avait crié, j'aurais arrêté», a-t-il répété devant la cour. 

«Qu'est-ce qui est vrai ? La première, la deuxième, la troisième ou la quatrième version ?», s'est interrogée la juge Sabine Raczy. «La vraie version, c'est celle que j'ai tenue devant le juge d'instruction, la dernière», a répondu Faïd Abdellah, précisant ne pas avoir «le courage de répéter». La défense a plaidé en faveur d'une peine «mixte» assortie d'un suivi socio-judiciaire. «Il sait que sa vie est en jeu. L'humanité de monsieur, elle est là. Je vous demande de la prendre en compte», a insisté Me Clothilde Humbert.

Face à ces faits à l'«impact dévastateur» pour la victime, les avocats de la partie civile, Mes Alexandre Lobry et Laura Abecassis, ont quant à eux appelé le tribunal à prononcer une «réponse pénale ferme». «Nous demandons réparation pour elle, mais aussi pour toutes les femmes qui ont vu leur vie détruite par des prédateurs», a plaidé Me Laura Abecassis. La cour criminelle a accueilli favorablement cette requête en prononçant une peine de 11 ans de prison, le ministère public avait requis 12 ans de réclusion.