Dans une vidéo de 2020 encore disponible sur la toile, Shamsud-Din Jabbar apparaît vêtu d’une veste en laine et d’une chemise bleu clair. Derrière lui, une pancarte proclame «Discipline». Pendant 1min41, l’homme explique avec un accent typique du sud des États-Unis comment il met son expérience dans l’armée au service de sa nouvelle carrière de gestionnaire immobilier. Au cours de la nuit de mardi à mercredi, Shamsud-Din Jabbar a lancé une camionnette Ford blanche sur une foule qui fêtait le réveillon dans Bourbon Street, tuant une quinzaine de personnes, en blessant trente-cinq avant d’être abattu par les forces de l’ordre. Dans sa voiture immatriculée au Texas, louée à un particulier via un site, il transportait des armes, des engins explosifs ainsi qu’un drapeau de l’État islamique, le groupe terroriste jadis puissant, aujourd’hui moribond qui cherche à revenir.
Quelques heures après l’attentat, peut-être informé du patronyme du suspect, Donald Trump blâmait l’immigration. «Quand je dis que les criminels qui arrivent sont bien pires que les criminels que nous avons dans notre pays, cette affirmation n’a pas cessé d’être réfutée par les démocrates et les “Fake News Media”, mais cela s’est révélé être vrai», a réagi le républicain sur son réseau Truth Social. Cependant Shamsud-Din Jabbar n’était pas un immigré. «Né et élevé à Beaumont au Texas», proclame-t-il dans la vidéo de 2020, cet homme de 42 ans était, d’après plusieurs sources, bien intégré et paraissait prendre au sérieux son activité de gestionnaire immobilier, entamée selon son CV numérique en 2017. L’armée, déclarait-il face caméra, lui avait enseigné «ce que signifie être réactif et prendre tout au sérieux (...) pour s’assurer que les choses se passent sans problème».
Lors d’une conférence presse organisée mercredi à La Nouvelle-Orléans, le FBI a aussi déclaré qu’il avait quitté l’armée de manière «honorable». Quant à son casier judiciaire, il comporte deux faits, plutôt mineurs : un vol en 2002 et conduite avec un permis non valide en 2005, a révélé le New York Times. Peu de détails ont filtré sur sa vie. À peine sait-on que mercredi les forces de l’ordre texanes ont fermé une route menant à un mobile home blanc situé à Houston, une de ses adresses récentes selon l’agence Associated Press (AP). Comment cet homme apparemment rangé et discret a-t-il préparé son équipée meurtrière ? Le FBI a affirmé mercredi lors d’une conférence de presse avoir la certitude qu’il n’avait pas agi seul. Sans fournir beaucoup plus de détails.
Plus tard dans la journée, l’AP a révélé avoir eu accès à un document de police faisant mention de vidéos de caméras de surveillance. Sur les bandes desquelles apparaîtraient trois hommes et une femme en train de placer l’un des nombreux engins explosifs retrouvés dans le quartier français, le lieu de la tuerie. «Nous essayons de voir s’il avait des accointances avec des réseaux islamiques» a précisé le FBI. Et quatre complices, au moins, sont toujours recherchés.