The Brutalist, Captain America, Prima la vita... Les films à voir ou à éviter cette semaine

The Brutalist - À voir absolument

Drame de Brady Corbet - 3 h 34

En 1947, un architecte hongrois, rescapé de l’holocauste, débarque à New York. Le bateau entre dans le port, Laszlo Toth (Adrien Brody) sort de la soute pour émerger sur le pont, découvre avec un pauvre sourire dubitatif la statue de la Liberté. L’immigrant a laissé derrière lui sa femme Erzsébet et sa nièce Sophia, coincées à Budapest pour des raisons bureaucratiques et qui doivent le rejoindre. À Philadelphie, une aubaine se présente lorsque le rejeton d’un milliardaire les embauche pour transformer en bibliothèque le poussiéreux bureau de leur manoir.

Quel choc ! Brady Corbet a bâti à lui seul l’équivalent d’une cathédrale sur pellicule. Il n’avait pas le choix : il fallait qu’il soit génial. Mission accomplie. Il montre l’horreur et la beauté, la détresse et la violence. Des films comme ça, on n’en voit pas beaucoup dans sa vie. Un film pareil, on n’en réalise qu’un dans sa vie. É. N.

La note du Figaro  : 4/4

Captain America - Brave New World - À voir

Action de Julius Onah - 1 h 58

Quatrième film dédié au super-héros patriote portant la bannière des États-Unis en guise de costume, Captain America - Brave New World ne s’embarrasse pas de fioritures. Le film met en scène une Amérique de comic-books soumise à des menaces immenses venues d’ailleurs et dirigée par le président Thaddeus Thunderbolt Ross, un général jusqu’au-boutiste auquel Harrison Ford prête ses traits.

Le spectateur n’a jamais vraiment le temps de s’ennuyer dans ce blockbuster d’espionnage rythmé, mêlant allègrement politique-fiction, action décomplexée, super-héros renouvelés, et effets spéciaux ébouriffants. Un soulagement après une série de mauvais films testostéronés aux «multivers», qui avaient fini par lasser la patience des spectateurs fan de Marvel. Sous ses faux-airs de film pop-corn, le réalisateur Julius Onah (The Cloverfield Paradox, Luce) s’amuse même à dresser des parallèles entre l’Amérique d’aujourd’hui et celle décrite dans son récit super-héroïque. On comprend ainsi que les comics issus de la pop culture n’ont jamais cessé d’offrir depuis leur naissance dans les années quarante un miroir assez fidèle (quoique déformé) de la situation sociopolitique traversée par l’Amérique au fil des décennies... O.D.

La note du Figaro : 3/4

Prima la vita - À voir

Drame de Francesca Comencini - 1 h 50

Son père s’appelait Luigi Comencini. Francesca lui rend un hommage vibrant et chaleureux. Entre le père et la fille, la complicité saute aux yeux. La gamine observe son papa qui travaille dans son bureau rempli de livres. Il la protège. Elle l’admire. Réalisateur, quel métier de rêve. Elle l’accompagne sur le tournage de Pinocchio. Il lui apprend à ne jamais lui mentir. À 60 ans, Francesca Comencini n’en revient pas. Elle a donc vécu tout ça ? Elle a été, oui, cette adolescente à problèmes (pléonasme). La drogue entra dans la danse. Il ne la lâchait pas d’une semelle, l’empêchait de sortir la nuit. Elle cessa de lui dire la vérité.

Francesca Comencini a déjà signé plusieurs longs-métrages. Prima la vita a la fraîcheur, l’urgence d’un premier film. Le mensonge n’y a pas droit de cité. On en tire un bonheur constant. On ne sait ce qui, là-dedans, participe de la légende ou de la réalité, de la mémoire ou de l’invention. É. N.

La note du Figaro : 3/4

Strip-tease intégral - À voir

Documentaire de Jean Libon, Clémentine Bisiaux et Régine Dubois - 1 h 30

C’était il y a quarante ans déjà. L’émission belge « Strip-tease » faisait ses débuts à la RTBF avec ses principes télévisuels innovants. Avec « Strip-tease intégral », nous voici de retour aux fondamentaux. Le film propose cinq reportages, aussi jubilatoires qu’attachants. Deux influenceuses à Dubaï, portables greffés à la main. Au Festival d’Avignon, Coline a loué un local pour y montrer son premier one-woman-show. Un jeune médecin légiste passe des autopsies aux spectacles dans un cabaret transformiste...

On ressort aussi hilare que chamboulé par cette mosaïque de récits. La force de « Strip-tease intégral », c’est que ces cinq documentaires perturbants, aussi drôles qu’inquiétants, dressent le portrait d’une société humaine bien détraquée où flotte l’entêtant parfum d’une folie douce sacrément cruelle. O. D.

La note du Figaro : 3/4

Bridget Jones : folle de lui - On peut voir

Comédie de Michael Morris - 2 h 04

Rares sont les comédies romantiques qui se penchent sur l’après « happy end ». C’est la petite révolution de Bridget Jones : Folle de lui. La Londonienne a désormais 52 ans et deux adorables enfants. Elle ne s’inquiète plus pour son poids mais de savoir si ses enfants peuvent s’épanouir en l’absence de leur père. Après avoir porté le deuil de son mari, il est temps pour Bridget d’aller de l’avant et de de se mettre sur Tinder ! Un sacré choc générationnel et des cultures.

Folle de lui modernise l’héritage ambivalent de Bridget Jones et le met à la page MeToo. Bridget Jones reste chaotique, gaffeuse, fantasque, entourée d’une bande de fidèles dysfonctionnels et d’une gynécologue ange de patience. Toutefois émane de ce volet un ton plus touchant, mélancolique et adulte. C. J.

La note du Figaro : 2,5/4