Des syndicalistes étrangers très motivés au siège de la CGT
Gérard Le Puill
A la veille des manifestations du 1er mai dans de nombreuses villes de France, des syndicalistes venus d’Europe mais aussi d’’Argentine, de la Palestine et des Etats-Unis, se sont exprimés sur les difficultés sociales que vivent les travailleurs dans leurs pays. C’était au siège de la CGT, à l’initiative de Sophie Binet qui présidait cette conférence de presse.
Au soir de la manifestation du 1er mai à Paris, les commentaires et les images des chaînes de la télévision furent surtout centrés sur quelques incidents et sur des prises à partie de certains manifestants dont le député socialiste Jérôme Guedj par des individus masqués. Sur certains médias audiovisuels, cela permettait aussi d’occulter des sujets comme la défense du pouvoir d’achat en recul pour des millions de Français tandis que les nombreuses annonces de fermetures de sites et les licenciements font déjà remonter le taux de chômage. Dans l’après midi du 30 avril, au siège de la CGT à Montreuil, la secrétaire générale Sophie Binet avait invité plusieurs syndicalistes étrangers pour évoquer la situation économique et sociale de leur pays à l’occasion de ce 1er mai. Elle résuma le sens de cette initiative par ces mots d’accueil :
« Nos syndicats s’inscrivent, non pas dans la perspective d’une économie de guerre ou d’une société encore plus inégalitaire génératrice de tensions et de conflits, une société dans laquelle les riches sont toujours de plus en plus riches et où le grand patronat fait la loi. Nos syndicats placent leur action dans l’émancipation vers une industrie et des emplois d’avenir, répondant à l’urgence climatique, sociale et démocratique , au bénéfice des travailleur-euses et des populations, avec des services publics renforcés et un ordre international régi par un droit issu du multilatéralisme ».
Le désastre social de l’Argentine à la Palestine
Ce n’est pas du tout ce que nous préparent des firmes comme Arcelor Mittal, Michelin et beaucoup d’autres en fermant des usines en France pour aller produire dans des pays à bas salaires avec un bilan carbone désastreux , tandis que se multiplient les aléas climatiques de plus en plus dévastateurs pour la planète. Au nom de la centrale syndicale des travailleurs d’Argentine (CAT-T), Marta Scarpato a notamment déclaré le 30 avril à propos de la politique du président Javier Milei, l’homme à la tronçonneuse :
« Si on considère le montant réel des salaires des 13 derniers mois, les travailleurs ont perdu en moyenne l’équivalant de 1,6 mois de salaire. Mais, compte tenu de la baisse plus importante dans le secteur public, dans ce cas la perte accumulée équivaut à 2,6 salaires complets. Les pensions des personnes âgées, qui ont servi de soutien à de nombreuses familles en difficulté pendant la pandémie, ont beaucoup souffert de l’ajustement des dépenses publiques. Au cours du mois de mars dernier, le montant réel perçu par les bénéficiaires de la pension minimale est inférieur de 7,2% à celui de novembre 2023 et de 25% à celui de décembre 2017 ».
Wael Nazif, membre de la Fédération palestinienne des syndicats (PFTU) a décrit la situation actuelle des travailleurs palestiniens en ces termes : « Depuis le début de la guerre contre Gaza, le chômage et la pauvreté ont grimpé en flèche. Après le 7 octobre, Israël a interdit aux travailleurs palestiniens d’accéder à son marché du travail. En conséquence, 20.000 travailleurs de Gaza et 190.000 de Cisjordanie ont perdu leur emploi. Aujourd’hui, près d’un demi-million de travailleurs palestiniens sont au chômage, sans aucune source de revenu. Notre économie s’effondre. Israël retient les recettes fiscales dues à l’Autorité nationale palestinienne. Le taux de pauvreté à Gaza atteint près de 100% ».
Une situation difficile en Europe et aux Etats-Unis
Tandis que les emplois industriels quittent actuellement l’Allemagne et la France vers des pays à très bas salaires dans le seul but de faire croître le profits des firmes , Esther Lynch, secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats(CES) a notamment déclaré : « les moyens de subsistance de millions de travailleurs européens sont en jeu , à moins que des mesures immédiates ne soient prises . L’Europe doit adopter des mesures urgentes pour garantir leurs emplois et augmenter leurs revenus afin de stimuler la demande intérieure. Chaque centime d’argent public doit être utilisé pour protéger et créer des emplois de qualité. Il n’y a pas de place pour les tactiques toxiques de profits des entreprises que l’UE doit exclure ».
Egalement présent à Montreuil, le syndicaliste américain Nick Allen de « Service Employees International Union » (SEIU) des Etats-Unis a dénoncé dans un français impeccable « des rafles de travailleurs immigrants; des licenciements de dizaines de milliers de travailleurs dans le secteur public ; des attaques contre la presse, les universités et toutes les institutions censées être des entraves au Trumpisme. Notre défense se fera sur trois fronts : protéger les travailleurs immigrés; lutter contre les coupes budgétaires dans notre programme public de santé pour les personnes à faible revenu ; repousser les attaques contre les syndicats ».
Nick Allen a terminé son intervention en affirmant que « la solidarité mondiale entre les syndicats et d’une importance vitale. Lorsque les travailleurs américains entendent leurs homologues syndiqués du monde entier leur dire qu’ils ne sont pas seuls, cela leur remonte le moral énormément. De plus, nous avons beaucoup à apprendre des mouvements syndicaux d’autres régions du monde qui ont été confrontés à des régimes autoritaires. Nous dialoguons avec nos homologues de nombreux pays afin de tirer les leçons de leurs expériences. Enfin nous devons continuer à collaborer au niveau international entre syndicats pour renforcer notre pouvoir fa ce aux multinationales, qui restent les principaux moteurs d’un nivellement par le bas mondial auquel il faut s’opposer pour que les travailleur puissent prospérer partout dans le monde ».
Lors de cette rencontre du 30 avril à Montreuil, tous les intervenants ont montré l’importance de l’activité des syndicats en ce siècle marqué par le recul de la protection sociale et les conséquences du changement climatique en cours d’accélération.
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