Monique Olivier fuyante sur les dernières heures d’Estelle Mouzin

« Fourniret, si on lui pose des questions qui ne lui plaisent pas, il ne répond pas. » Monique Olivier a beau assurer que « lui, c’est lui, moi c’est moi », il y a des phrases qui semblent les définir aussi bien l’un que l’autre. Combien de questions aura essuyées l’accusée, ce jeudi 14 décembre, devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine ? Assurément plusieurs centaines. Combien ont permis d’avancer sur le chemin de la vérité ? Assez peu au final.

La faute, en grande partie, au maître des débats, le président de la cour d’assises Didier Safar. Le magistrat avait déjà piloté le procès de 2018, dans lequel Michel Fourniret et Monique Olivier étaient poursuivis pour le meurtre de Farida Hammiche, en avril 1988, le deuxième du parcours criminel du couple. Depuis deux semaines, à Nanterre, le magistrat ne semble avoir qu’un but : confronter Monique Olivier à ses nombreux mensonges. Exercice totalement vain, tant l’accusée est devenue une experte dans l’art de fuir ses responsabilités.

Les dernières heures d’Estelle Mouzin

Me Delgenès se voit contraint d’intervenir. « On revient sur des vieux mensonges, là, on ne va pas avancer. (S’adressant à sa cliente) Racontez aux familles ce que vous avez fait, en janvier 2003. C’est le plus important. » Alors, Monique Olivier raconte. Un peu. Elle confirme qu’elle a bien gardé Estelle Mouzin dans la maison de Ville-sur-Lumes (celle héritée par Fourniret de sa sœur), « une heure ou deux », le 10 janvier. En réalité entre quatre et six heures, selon l’enquête. « Il avait demandé que je le remplace. » Me Seban, l’avocat de la famille Mouzin, lui demande sa réaction quand elle voit Estelle, dans la petite chambre du grenier, enfermée. « J’étais en colère. J’étais tellement surprise de voir cette belle-petite-fille, si jeune. Ça me faisait de la peine. Il aurait fallu que je réagisse autrement, que je la sauve. Mais je ne l’ai pas fait. »

Que lui a-t-elle glissé pendant ces quatre à six heures ? « J’ai parlé un peu avec elle, elle demandait sa maman. Je lui ai dit qu’elle allait bientôt la revoir. » C’est tout ? « J’ai rangé un peu la maison, il y avait beaucoup de bazar… » Ce jour-là, l’humanité de Monique Olivier se sera manifestée par le seul verre d’eau qu’elle donne à la fillette. Une couverture ? Non. Il fait pourtant – 10 degrés dehors, il n’y a pas de chauffage dans la maison. Un gâteau, quelque chose à manger ? La petite n’a rien avalé depuis 24 heures. Non.

Estelle Mouzin a-t-elle été violée par Michel Fourniret, avant d’être tuée ? « Je pense qu’il n’a pas pu. Il n’était pas très… performant. » Devant la juge Sabine Kheris, en septembre 2021, Monique Olivier avait déclaré : « Fourniret m’a dit qu’il n’avait pas réussi et que, de colère, il l’avait tuée. Il m’a dit aussi « c’est fini ». Je me suis imaginé qu’il l’avait étranglée, avec ses grosses mains. » Ce jeudi, Monique Olivier a ajouté qu’elle avait vu le corps d’Estelle Mouzin, emballé dans une sorte de « rideau de douche ». Et confirmé qu’elle avait amené son mari au bout d’un petit chemin de terre, à proximité de là où il a creusé un trou pour enfouir son cadavre. « Dans le bois d’Issancourt-et-Rumel, où des fouilles ont été menées », lui demandent successivement Me Seban et Me Delgenès. « Oui, je pense que c’était là, lâche-t-elle sans trop de conviction. Mais il a peut-être bougé le corps ensuite… »