Dette publique : la Cour des comptes fait, une fois de plus, les gros yeux à l’État français
La Cour des comptes, dans son rapport publié mardi 2 juillet, indique en substance que la France est en roues libres et qu'il va falloir faire de sérieux efforts budgétaires. Des efforts "très exigeants" ces prochaines années, écrit la Cour des comptes. Certains diront que c’est la même rengaine chaque année, mais cette fois les sages de la rue Cambon font les gros yeux à l’État, car la situation est vraiment problématique. La France affiche le déficit public le plus élevé de la zone euro avec près de 6% de la richesse nationale. Même l’Italie de Georgia Meloni est retombée à 3,4% de déficit.
La France a aujourd’hui le troisième endettement le plus lourd de l’Eurogroupe à 3 346 milliards d’euros. Cette dette a même gonflé de 41 milliards d’euros sur le seul premier trimestre. Pour redresser la barre, la Cour des comptes chiffre les efforts à réaliser. Elle estime à environ 105 milliards d’euros la somme nécessaire à trouver dans des économies de dépenses ou des recettes supplémentaires. Qui dit recettes supplémentaires, dit des taxes ou des alourdissements de charges, avec pour objectif de ramener le déficit public sous les 3% du PIB en 2029. Autant dire une véritable gageure. Pour le premier président de la Cour des Comptes, Pierre Moscovici, cela revient à "faire un choix entre l’effort volontaire maintenant et l’austérité subie demain". Austérité, le mot est lâché.
La crainte d'une nouvelle dégradation de la note de la France
La question est de savoir si le gouvernement a aujourd’hui de réelles marges de manœuvre. Pour réduire le déficit, le gouvernement a prévu un effort budgétaire d’une cinquantaine de milliards d’euros cette année et une quarantaine d’autres en 2026. Le Premier ministre, François Bayrou, a promis de dévoiler son plan de redressement à la mi-juillet, avant un projet de budget avec examen à l’automne. Moment très attendu par les agences de notation. Pour l'instant, Moody's et autres S&P nous ont laissé tranquilles, mais si la construction du budget n'est pas à leur goût, la dégradation de notre note est quasi assurée à l'automne.
Donc Serrage de ceinture à tous les étages ? De l’administration et des fonctionnaires, aux contribuables lambda, en passant par l’assurance maladie, il est probable la formule soit la suivante : serrage de ceinture à tous les étages. Un cocktail explosif garanti sur le plan social pour la rentrée, sauf à en appeler à l’unité nationale en mettant tous les partis politiques devant leurs responsabilités avec un appel à propositions pour faire des économies. Comme disait Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre en 2002 : "notre route est droite mais la pente est forte". C’était il y a 23 ans, depuis, la pente des finances publiques n’a fait que se raidir.