À première vue, la vallée de l’Orbiel (Aude) respire la tranquillité. Des collines verdoyantes. Des châteaux Cathares. Mais derrière ce décor de carte postal, se cache une pollution insidieuse. Au nord de Carcassonne se trouvent les vestiges d’une ancienne exploitation minière. La mine d’or de Salsigne – la principale d’Europe occidentale – a traité environ 12 millions de tonnes de minerais entre son ouverture en 1873 et sa fermeture en 2004.
Une fin d’activités marquée par un abandon des lieux et des infrastructures, sans réhabilitation engagée par l’État. Cette inaction a entrainé une contamination des terres qui porte atteinte à la santé des locaux. C’est ce que dénoncent une trentaine de riverains et quatre associations. Le 1er juillet, le secrétariat général du Gouvernement, le ministre de la Transition écologique, de l’Énergie et du Climat et le préfet de l’Aude ont comparu devant le tribunal administratif de Montpellier.
Les dégâts environnements reconnus mais rien pour l’intoxication des habitants
Dans ses conclusions, la rapporteuse publique a reconnu la pollution des cours d’eau, elle a souhaité qu’il soit « enjoint à l’État […] d’engager les mesures nécessaires à la réparation de l’atteinte aux écosystèmes des eaux superficielles et des sédiments des affluents de l’Orbiel, singulièrement du Grésillou, liée à la pollution de ceux-ci ». L’un des avocats des riverains, Maître Tizot affirme que « ce premier avis est une bonne chose pour avancer vers une mise en sécurité de la vallée ».
En revanche, il déplore que « le rapporteur public ne reconnaisse pas une quelconque responsabilité de l’État dans l’atteinte aux personnes physiques ». Et considère qu’il est « moins probable que les préjudices des individus soient reconnus ». Si les conséquences écologiques de l’abandon par l’État des sites miniers de la vallée de l’Orbiel ont été prises en compte, les risques sanitaires qui y sont attachés ne le sont toujours pas.
La mine de Salsigne a été exploitée par l’État à partir des années 1980. Faute de rentabilité, l’exploitation est abandonnée en 2004 et laisse derrière elle des collines artificielles toxiques. Les déchets représentent 3 000 000 de tonnes de produits toxiques purs, dont 800 000 tonnes d’arsenic. Et le vent, la pluie propagent l’arsenic sur le territoire. Des épisodes environnementaux extrêmes, comme les inondations de 2018 dans le département, ont eu des effets multiplicateurs colossaux. Selon les avocats, des « millions de mètres cubes de déblais » sont touchés aujourd’hui.
Les tests urinaires, effectués par l’Agence Régionale de Santé (ARS), confirment que les habitants de la vallée de l’Orbiel ont bien été contaminés à l’arsenic et autres métaux lourds. « Retirer ses chaussures et vêtements ayant pu être en contact avec les sols avant de rentrer chez soi, nettoyer les sols, les vêtements, les jouets et les doudous des enfants fréquemment, couper les ongles des enfants courts, ne pas les laisser jouer dans la terre, se laver soigneusement les mains » : l’ARS a recommandé un ensemble de mesures pour limiter les risques de contaminations.
Les avocats s’interrogent toujours : « Comment l’État a-t-il pu laisser se détériorer une situation dont il a parfaitement connaissance ? ». Désormais, les riverains veulent porter le combat judiciaire sur la mise en sécurité de la vallée et de ses habitants.
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