Top 14 : Camille Lopez, les années passent, les adversaires trépassent à Bayonne

Top 14 : Camille Lopez, les années passent, les adversaires trépassent à Bayonne

Champion de France en 2017 et d’Europe (la petite coupe d’Europe) en 2019 avec Clermont, Camille Lopez est venu poser ses valises, et son expérience, en 2022 au Pays basque. GAIZKA IROZ / AFP

À 35 ans bien sonnés, le numéro 10 de Bayonne a encore contribué au succès de l’Aviron Bayonnais, ce samedi face au leader bordelais.

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Envoyé spécial à Bayonne

Il a tout connu ou presque. Les clubs qui gagnent, l’équipe de France, les titres et les honneurs. Champion de France en 2017 et d’Europe (la petite coupe d’Europe) en 2019 avec Clermont, Camille Lopez est venu poser ses valises, et son expérience, en 2022 au Pays basque. Ce samedi après-midi, au Stade Jean Dauger, le numéro 10 au maillot ciel et blanc n’a pas été le dernier à faire chuter l’Union Bègles Bordeaux, leader du Top 14. Le premier même au niveau du nombre de points inscrits : 11, pour 3 pénalités et 1 transformation, toutes réussies en première mi-temps. À 35 ans bien sonnés (il en aura un de plus le 3 avril prochain), le demi d’ouverture a une nouvelle fois démontré toute son importance dans le jeu et les succès de l’Aviron Bayonnais.

96 kilomètres seulement séparent la capitale basque d’Oloron-Sainte-Marie, sa ville de naissance, et Lopez peut donc se sentir comme chez lui ici dans ce club qui sait recevoir ses adversaires avec une somptueuse Peña Baiona repris à cœurs flamboyants par les spectateurs basques à l’entrée des deux équipes. Et Camille Lopez a été salué à la hauteur de sa contribution par le public connaisseur au terme d’une rencontre où son poids, décisif, n’a pas été que comptable. Avec son pied gauche terriblement efficace, le numéro 10 a été, comme souvent depuis son arrivée sur les quais de la Nive, à la manœuvre et à la baguette d’un orchestre bien huilé pendant près d’une heure.

Général en chef, guide suprême, artiste du ballon ovale

Son coup de pied si caractéristique n’a pas pris une ride et a bien contribué à bousculer son ancien club (2005-2013), qu’il soit long pour le jeu de replacement ou court pour une passe à son ailier. Certes la pointe de vitesse n’est sûrement plus celle de ses jeunes années, mais l’ancien demi d’ouverture de l’équipe de France (2013-2019, 28 sélections, 167 points) a comme dirait l’autre «de beaux restes». Au point que le club de Philippe Tayeb lui a fait signer une année supplémentaire de contrat pour la saison prochaine.

Sur le pré ensoleillé, ce samedi avait un avant-goût de printemps et Camille Lopez un arrière-goût de talent. Tout à la fois un général en chef, un guide suprême, un artiste du ballon ovale. En somme, une sorte de Lydie Arickx de l’Aviron Bayonnais capable de peindre et de sculpter en direct une œuvre d’art. L’homme sait tout faire : distribuer le jeu, comme d’autres les bonnes cartes, replacer un coéquipier trop avancé, conseiller un petit jeune, trouver une longue touche et surtout éclairer la pelouse avec ses chandelles millimétrées et ses coups de pied pile à l’heure comme l’horloge de la cathédrale de Bayonne.

Le poids des ans se faisant logiquement sentir, et toute bonne chose ayant une fin, Camille Lopez a été prié de quitter la pelouse à la 56e minute, alors que l’UBB venait d’inscrire deux essais successifs. Sa sortie, saluée par une ovation du peuple basque, a marqué le point final d’une performance encore majuscule. Et n’a pas empêché les Basques de préserver leur invincibilité cette saison à Jean Dauger (36-32). Les années passent pour Camille Lopez et les adversaires, qu’ils soient leaders ou pas, trépassent…