Condamnation en appel de Boualem Sansal : "Il est encore temps pour les autorités algériennes de faire preuve d'humanité", lance son ami et écrivain Kamel Bencheikh

"Il est encore temps pour les autorités algériennes de faire preuve d'humanité", a lancé, mardi 1er juillet, sur franceinfo Kamel Bencheikh, poète et écrivain franco-algérien, ami de Boualem Sansal, après la condamnation en appel de l’écrivain algérien à cinq ans de prison.

Boualem Sansal, 80 ans, figure majeure de la littérature algérienne, a vu sa peine confirmée en appel alors qu’il souffre d’un cancer de la prostate. "Il est encore temps pour les autorités algériennes de faire preuve d'humanité, de libérer notre ami Boualem. Il faut absolument qu'il nous revienne parce qu'il a besoin de soins, il a besoin de notre amitié et il a besoin surtout de la liberté", insiste Kamel Bencheikh.

"Boualem Sansal n'est ni un criminel ni un délinquant"

Pour ce dernier, "Boualem Sansal n'est ni un criminel ni un délinquant. C'est un écrivain. Ce qu'on lui reproche, au fond, ce sont ses mots. Son regard lucide sur l'Algérie, son refus des mensonges officiels, sa fidélité à ce pays qu'il aime tant mais qu'il refuse de flatter", ajoutant : "Ce qu'on juge ici ce n'est pas un homme, c'est une pensée, c'est une œuvre, c'est une liberté. C'est la littérature qu'on a voulu faire taire".

Alors que l’Algérie s’apprête à célébrer, le 5 juillet, le 63e anniversaire de son indépendance, Kamel Bencheikh souligne la portée symbolique de cette condamnation. "Je n'arrête pas de le dire, je n'arrête pas de l'écrire. Il y a cette date, le 5 juillet, c'est la date anniversaire de l'indépendance algérienne. Ce serait vraiment une insulte à l'histoire, ce serait une injure, une gifle à tous ceux qui ont combattu pour la liberté", si aucun geste n'est fait par Alger.

De son côté, le Premier ministre François Bayrou espère une libération prochaine : "On peut imaginer que des mesures de grâce, notamment en fonction de la santé de notre compatriote, soient prises", jugeant la situation "insupportable".

"Cinq ou dix ans, pour moi, c'est exactement la même chose. C'est condamner un homme de 80 ans, malade d'un cancer à la prostate, à la peine de mort", conclut Kamel Bencheikh, appelant une nouvelle fois à la libération de l’écrivain.