Les applaudissements fusent, silencieux - ici on se félicite ou s’encourage en agitant les mains sans bruit au-dessus de ses genoux. Chacun y va de sa petite fierté, sa petite victoire : Tania a cuisiné hier un gratin de blettes, et «tout le monde a trouvé ça bon» ; ce n’est pas encore gagné, elle a «toujours un peu de mal avec les aliments en vrac», mais elle «essaie de [s]’y mettre». Cathy, elle, s’est mise à fabriquer sa propre lessive. Il y a bien eu un petit incident domestique avec un t-shirt de son mari, mais le foyer s’en est remis. Aurélie tente de se mettre à la mode de seconde main, elle «n’arrive pas à prendre l’habitude», c’est qu’elle aime trop les fringues neuves, alors elle demande des idées de boutiques où l’on ne déniche pas que des haillons. Dans la petite assemblée de femmes juchées sur des chaises de couleur réunies en cercle, les suggestions fusent.
Un mercredi soir sur deux, toute cette petite société se retrouve à «La Fabrique», un café associatif d’Issy-les-Moulineaux, pour s’encourager à mener une démarche de sobriété : bienvenue aux «Capitalistes anonymes», un groupe de parole où l’on se confie pendant une heure et demie sur son addiction au confort de la société capitaliste. Julien Lamy, le fondateur, rappelle quelques règles : «chacun est libre…