Ligue des nations : Wendie Renard et Eugénie Le Sommer écartées, qui pour les remplacer avant l'Euro chez les Bleues ?

"La folie, c'est de faire toujours la même chose en espérant un résultat différent." C'est en citant Albert Einstein, au regard des sept éliminations des Bleues en quarts de finale sur les huit dernières grandes compétitions, que Laurent Bonadei a justifié de ne pas convoquer deux des plus grandes taulières de l'histoire de l'équipe de France : la capitaine Wendie Renard (34 ans, 168 sélections, 39 buts) et la meilleure buteuse de l'histoire de la sélection Eugénie Le Sommer (36 ans, 200 sélections, 94 buts), auxquelles on peut ajouter la milieu Kenza Dali. C'est donc une ère nouvelle qui s'ouvre, vendredi 30 mai, avec une rencontre de Ligue des nations contre la Suisse à Nancy.

Il s'agit du premier des quatre matchs de rodage des Bleues (suivent un déplacement en Islande et deux amicaux contre la Belgique et le Brésil), avant de s'établir dans la station thermale de Heiden pour l'Euro en Suisse, la France étant déjà qualifiée pour le Final Four de la Ligue des nations. Mais d'ici à l'entrée en lice des Tricolores le 5 juillet dans une poule complexe (Angleterre, pays de Galles, Pays-Bas), plusieurs équations sont encore à résoudre.

Qui pour incarner le leadership ?

"Succéder à Wendie Renard, c'est une lourde tâche avec son charisme, on ne prend pas le brassard au bras levé", reconnaissait Laurent Bonadei lors de l'annonce de sa liste, le 22 mai. En l'écartant avec Eugénie Le Sommer, le vestiaire des Bleues perd deux leaders vocales avec une forte légitimité. Jeudi 29 mai, c'est la défenseure Griedge Mbock (30 ans, 89 sélections), la binôme historique de Wendie Renard à Lyon comme en sélection, qui a hérité de ce rôle de capitaine. Un choix "comme une évidence" pour le sélectionneur, malgré son caractère souvent discret.

"C'est une grande fierté et une grande joie, un honneur de pouvoir représenter l'équipe de France, a commenté Griedge Mbock, jeudi depuis la Lorraine. Ce n'est pas anodin, ce n'est pas un rôle à prendre à la légère. Je suis aussi bien entourée". Ses coéquipières du PSG Sakina Karchaoui et Grace Geyoro, ainsi que la Madrilène Sandie Toletti seront les vice-capitaines. "J'avais déjà anticipé les choses car j'ai créé un groupe de 12 joueuses en janvier et j'avais demandé à Wendie et Eugénie de transmettre le témoin", avait révélé Laurent Bonadei.

Qui pour accompagner Katoto en attaque ?

Si Wendie Renard postulait à une place de titulaire à l'Euro, son éviction ne laisse que peu de doutes sur l'installation d'une charnière Maëlle Lakrar-Griedge Mbock, même si la première sera ménagée contre la Suisse. Sauf surprise estivale ou pépin de dernière minute, les postes de latérales (Bacha, De Almeida) et du milieu (Geyoro, Toletti, Karchaoui) semblent également pourvus. Reste une incertitude sur la ligne d'attaque autour de Marie-Antoinette Katoto avec cinq prétendantes pour deux places.

Buteuse sur les trois dernières rencontres internationales, Sandy Baltimore n'a pas quitté le onze en 2025, évoluant sur les deux ailes. Elle est l'une des actrices importantes du triplé national de Chelsea, après avoir notamment été triplement décisive en finale de Cup contre Manchester United (3-0, deux buts et une passe décisive). Delphine Cascarino et Kadidiatou Diani ont elles un statut évident et semblent partir avec une avance sur la polyvalente Melvine Malard, qui peut suppléer "MAK" en pointe en sortie de banc. 

Quid de Clara Mateo, meilleure joueuse et meilleure buteuse de Première Ligue avec le Paris FC ? Absente des Jeux olympiques, l'attaquante ne totalise qu'un faible temps de jeu en sélection cette année (vingt minutes au total en avril), notamment en raison d'une blessure qui l'a privée du rassemblement de février. Non titulaire depuis la déroute contre l'Espagne en amical en décembre (2-4), dans un système en 3-4-3 abandonné depuis par Laurent Bonadei, la Nantaise s'est pour autant illustrée avec un but en fin de match pour valider la victoire des Bleues en Norvège (2-0).

Qui sera la 24e roue du carrosse ?

Pour ces deux matchs de Ligue des nations contre la Suisse et l'Islande, le sélectionneur a convié un groupe de 24 joueuses qui devrait logiquement ressembler à celui qui partira au championnat d'Europe. Problème : il ne peut en inscrire que 23 dans la liste finale qu'il dévoilera le 5 juin. À ce titre, la convocation de la jeune Alice Sombath en défense peut s'expliquer par une volonté de celui qui est sous contrat avec la FFF jusqu'à la Coupe du monde 2027 au Brésil de préparer "l'avenir de l'équipe de France".

"Elle avait fait une très belle prestation en demi-finale de Ligue des champions (aller contre Arsenal, 2-1), face à Alessia Russo qui est une attaquante anglaise coriace : je me suis dit qu'elle méritait d'avoir sa chance", avait dit Laurent Bonadei, expliquant avoir de bons échos de son homologue des U23. Malgré sa première cape en novembre contre le Nigeria, elle n'a pris part qu'à 17 des 35 matchs des Lyonnaises cette saison.

L'arbitrage peut également se faire au niveau des latérales. À gauche, Lou Bogaert peut pâtir des plusieurs casquettes de Sakina Karchaoui. Idem à droite avec Melween N'Dongala qui a un temps de retard en sélection sur Thiniba Samoura, également utilisable dans l'axe mais qui manque clairement de rythme après plusieurs pépins (74 minutes depuis la dernière trêve). Si la différence se fait dans un autre secteur, l'expérience d'Amel Majri au milieu ne paraît pas être de trop et ce seraient alors les jeunes Kessya Bussy et Kelly Gago qui pourraient payer les frais d'un embouteillage devant.