À compter du 1er juillet prochain, la cigarette sera interdite sur les plages, dans les parcs, jardins publics, équipements sportifs, abris de bus ou aux abords des écoles, moyennant une amende de 135 euros. Une mesure annoncée par la ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles Catherine Vautrin qui est pourtant déjà mise en place dans plusieurs communes.
À Saint-Malo en Bretagne et à Ouistreham dans le Calvados, la consommation de cigarette sur la plage est respectivement interdite depuis 2015 et 2018. «Trois de nos plages sont divisées en deux avec une moitié interdite aux fumeurs, du 1er juillet au 31 août», indique le maire de Saint-Malo, Gilles Lurton. Des CRS veillent au bon respect de la règle, tandis que des maîtres-nageurs sauveteurs se chargent de signaler les zones en disposant des panneaux. «Mais nous n’avons jamais eu à mettre trop d’amendes de 135 euros, nous prônons avant tout la pédagogie», ajoute l’édile. Dans le Nord, le Touquet a également adopté cette mesure depuis 2023, ainsi que les Sables-d’Olonne en Vendée. La Nouvelle-Aquitaine n’est pas non plus épargnée : Anglet et Biarritz au Pays basque n’autorisent plus de fumer sur certaines plages l’été depuis deux ans.
«Ce qui est bon pour la planète est bon pour l’homme»
Au sud-est du pays, sur la Côte d’Azur, une dizaine de communes ont aussi choisi d’interdire la cigarette sur certaines plages. Comme à Menton, Cagnes-sur-Mer, Saint-Laurent-du-Var, Villefranche-sur-Mer, Antibes-Juan-les-Pins ou encore Cannes. «Nous avons fait ce choix depuis près de dix ans pour des raisons d’hygiène, d’environnement mais aussi de santé publique», explique David Lisnard, maire LR de Cannes. Sur les 11 kilomètres de littoral qui bordent la ville, seules deux plages sont concernées par l’initiative. L’amende s’élève à 38 euros. «Nous n’avons pas étendu le dispositif car cela demande beaucoup de moyens pour surveiller les plages», explique l’édile. Sur les autres plages, l’élu a alors fait distribuer des cendriers. Grâce à cela, il assure que de moins en moins de mégots sont retrouvés dans le sable.
Mais pour lui, développer cette mesure sur tout le territoire n’est pas une bonne idée. «Les gens n’importunent personne en fumant à l’air libre leur cigarette loin des autres. Cette question doit relever du débat local. Ou alors, il faut l’interdire partout sur le territoire. De toute façon, l’État n’a pas les moyens de mettre en place une telle mesure», souffle le maire de Cannes, également président de l’Association des maires de France (AMF).
À Nice, l’interdiction de la cigarette sur la plage date de 2012. «Nous avons commencé par mettre en place la mesure sur deux plages, puis cinq, et enfin nous l’avons généralisée à toutes nos plages publiques depuis 2024», se félicite Richard Chemla, adjoint au maire à la santé, l’environnement et à la protection animale, et également médecin. En cas de non-respect de la règle, la contravention est de 150 euros. De quoi réfléchir à deux fois avant d’allumer sa cigarette. «Il y a sans doute des usagers qui arrivent à ne pas se faire attraper. Mais cette initiative est pensée pour l’environnement et la santé de tous : ce qui est bon pour la planète est bon pour l’homme», ajoute l’élu.
Une interdiction existante dans les parcs et près des écoles
Outre les plages, la Ville de Nice a étendu ce dispositif aux parcs et jardins publics depuis mai 2024. «C’était essentiel de le mettre en place sur ces espaces extérieurs, pour pousser les usagers à adopter de bons réflexes. Surtout quand on sait que 40% des cancers développés viennent de notre mode de vie», poursuit Richard Chemla.
L’interdiction de la cigarette aux abords des écoles est également déjà mise en vigueur dans certaines communes de France. La Ville de Bordeaux l’interdit depuis 2021 dans un rayon de 50 mètres autour de l’entrée des écoles de la ville, de sept heures du matin à sept heures du soir. Depuis, de nombreuses villes en France ont annoncé dans la presse locale avoir pris des arrêtés en ce sen, comme à Pouillon dans le Pays basque, à Arras, à Coudekerque-Branche dans le Nord, mais aussi à Chambéry, ou encore à Carrières-sous-Poissy, dans les Yvelines.
Depuis janvier 2024, la municipalité de Sablé-sur-Sarthe n’autorise plus les parents et badauds de fumer devant les écoles primaires. Idem à Orvault, commune de 28.300 habitants en Loire-Atlantique, depuis mai 2024. «Après avoir échangé avec la Ligue contre le cancer, il nous est paru intéressant de développer cette mesure pour des questions de santé mais aussi de lutte contre la pollution et d’exemplarité envers les enfants», explique le maire écologiste Jean-Sébastien Guitton. La cigarette est interdite aux abords des huit groupes scolaires de la Ville. «Nous avons discuté du sujet avec les parents d’élèves. Nous n’avons pas eu de retour négatif, la mise en place n’a donc pas été difficile», ajoute l’édile, qui précise qu’un panneau «défense de fumer» est disposé devant chaque établissement. Chaque école a eu la liberté de définir les zones et le périmètre où appliquer la mesure.
Comme l’amende prévue par la ministre de la Santé à partir du 1er juillet, la contravention pour les fumeurs devant les écoles s’élève à 135 euros à Orvault. Mais selon le maire, «aucune verbalisation n’a encore eu lieu, tout le monde se plie à la règle», conclut-il.