Inde, Russie, UE… Les États cherchent à s’imposer dans les smartphones de leurs citoyens

Avec plus de 4 heures quotidiennes passées sur les écrans par leur propriétaire, les smartphones sont des espaces de communication qui intéressent plusieurs gouvernements.

Depuis le 1er septembre 2025, les autorités russes exigent que l’application de messagerie dénommée Max soit désormais installée par défaut sur les tablettes et les smartphones commercialisés dans le pays. Avec une consigne pour que désormais les groupes WhatsApp, par exemple ceux créés par les parents dans le cadre de la vie scolaire de leurs enfants, soient transférés sur ce nouveau service élaboré à la demande de Vladimir Poutine.

Contrairement à ses équivalents comme Signal ou WhatsApp, la messagerie Max n’est pas chiffrée, ce qui signifie que ses échanges numérisés peuvent être facilement interceptés.

Pour accélérer la transition vers Max, dont les serveurs sont exclusivement situés sur le territoire de la Fédération de Russie, l’autorité nationale de régulation de l’Internet et des télécommunications a instauré en juillet 2025 les blocages techniques des appels téléphoniques via Signal et WhatsApp. Et l’interdiction de faire de la publicité pour les réseaux privés virtuels (VPN), qui permettent de délocaliser sa connexion et donc de contourner les réglementations nationales, est entrée en vigueur en septembre 2025.

De quoi préparer les esprits à une possible interdiction prochaine des messageries étrangères au profit du service national, Max.

L'Inde mise sur le volontariat

Fin novembre 2025, le gouvernement indien a imposé aux fabricants de smartphones de pré-installer l’application "Sanchar Saathi" ("partenaire de communication" en hindi) sur tous les téléphones vendus dans le pays. Sans qu’il soit en principe possible de la désactiver.

Développée par le ministère des Télécommunications, et accessible en téléchargement depuis janvier 2025, elle est en principe destinée à lutter contre la fraude en permettant le blocage à distance des appareils volés ou perdus.

Mais un mouvement au sein de l’opinion publique indienne s’est inquiété du principe d’une application obligatoire, qui en outre exige un accès à l’essentiel des fonctionnalités et contenus du téléphone. Ce qui peut se révéler comme étant particulièrement intrusif à l’échelle de toute une population. Même si la protection des consommateurs a été mise en avant pour justifier cette intrusion numérique.

Début décembre 2025, New Delhi a finalement renoncé à l’obligation et encourage une installation volontaire de son application nationale.

L'Europe fait marche arrière

L'UE a également décidé, le 30 octobre 2025, de renoncer à un dispositif controversé, envisagé dans un texte contre la pédocriminalité. Baptisé "Chat control" (contrôle des discussions) par ses opposants, il devait obliger les plateformes à détecter et signaler ce type de contenus. Pour ce faire, il leur aurait fallu scanner les photos, vidéos et textes de leurs utilisateurs, sur leurs terminaux, avant qu'ils ne puissent être expédiés.

Soit un mode opératoire jugé disproportionné au regard du but recherché. Un sujet qui ne manquera certainement pas de revenir dans le débat public.