Tunisie : l’écrivain Bernard-Henri Lévy condamné par contumace à 33 ans de prison pour complot

La justice tunisienne a confirmé, le 27 novembre, la condamnation à 33 ans de prison de Bernard-Henri Lévy dans l’affaire dite du « complot contre la sûreté de l’État » . Le verdict, rendu à huis clos et sans accès aux observateurs étrangers, prolonge un dossier tentaculaire visant une quarantaine d’opposants et de figures publiques tunisiennes.

L’enquête remonte à 2023, lorsqu’un déjeuner entre opposants dans la banlieue de Tunis est interprété par les autorités comme le point de départ d’une entreprise concertée de déstabilisation, rappelle Le Point . S’y croisent des responsables politiques, des militants et des personnalités connues pour leur hostilité croissante face au tournant institutionnel engagé par le président Kaïs Saïed. S’en suivra en février une série d’arrestations sans précédent.

Passer la publicité

Les audiences du procès, tenues en 2024 puis en 2025, se déroulent dans des conditions contestées. Plusieurs ONG font état d’un huis clos strict, de restrictions d’accès pour la presse et de difficultés rencontrées par les avocats pour consulter pleinement le dossier. Amnesty International évoque un « procès inéquitable », tandis qu’Human Rights Watch dénonce « des procédures qui ne respecteraient pas les garanties d’un jugement indépendant ».

« Staline, Kafka et Orwell se donnent la main »

Dans ce dossier, la présence de Bernard-Henri Lévy reste marginale et les contours des faits qui lui sont reprochés particulièrement flous. Le philosophe est accusé de contribuer, par ses liens supposés avec certains acteurs tunisiens et étrangers, à un complot visant la sécurité intérieure du pays, rappelle-t-il dans son bloc-notes  publié au printemps dans Le Point. Aucune preuve matérielle n’a toutefois été rendue publique par les autorités, et aucun élément direct ne le relie aux principaux inculpés.

L’intéressé écrit être poursuivi sur la base d’un « fatras » d’éléments incohérents et de suppositions qu’il estime dénuées de réalité. Il rappelle n’avoir « pas mis les pieds en Tunisie depuis dix ans » après un dernier voyage houleux et affirme ne pas connaître la majorité des personnes citées dans le dossier. Il décrit un jugement où, selon ses mots, « Staline, Kafka et Orwell se donnent la main », soulignant surtout la situation des co-accusés détenus, pour la plupart des opposants politiques et militant des droits humains écopant de peines allant de 2 à 45 ans de prison. Sollicité par Le Figaro, le philosophe n’a pas souhaité commenter publiquement la décision.