« Un lieu ensoleillé pour personnes sombres », de Mariana Enriquez : cultiver l’horreur afin d’éveiller les consciences

Dans ce recueil de douze nouvelles, l’Argentine Mariana Enriquez (née à Buenos Aires en 1973) horrifie le lecteur avec de bons outils romanesques. Dans l’une de ces nouvelles, une myriade de fantômes erre dans les cités-dortoirs de Buenos Aires.

Ce sont des jeunes filles assassinées revenues sur les lieux de leur effacement. L’une essuie, d’une main distraite, le sang qui coule à son cou tranché. Semi-putréfiées, elles rient, en se tenant bras dessus bras dessous, avant de hurler. Les humains les rassurent comme ils peuvent…

Dans une autre nouvelle, les femmes, forcément maudites, se transforment en oiseaux. Elles supplient, de tout leur chant triste, de redevenir humaines, de faire enfin entendre leur voix, de...