Un bijoutier jugé pour avoir tiré sur un braqueur en banlieue lyonnaise

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La justice a ordonné le renvoi de l’affaire devant le tribunal correctionnel de Lyon, abandonnant la notion d’arme, et donc de braquage, pourtant retenue dans l’ordonnance de mise en accusation devant la cour d’assises signée en 2020. sebra / stock.adobe.com

Aujourd’hui âgé de 80 ans, Gilbert L. comparaîtra devant le tribunal de Lyon ce mercredi pour violence avec arme après avoir blessé l’un des braqueurs venu le voler dans sa boutique, à Bron (Rhône), en 2011.

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Braqué dans sa boutique il y a 14 ans, le bijoutier sera le seul présent à la barre du tribunal de Lyon ce mercredi. Gilbert L., 80 ans, comparait devant la 11e chambre, dans une «audience croisée» avec ses braqueurs, pour violences avec arme. À l’automne 2011, il avait ouvert le feu avec son magnum 357 sur les malfaiteurs venus le détrousser dans sa bijouterie située place Curial à Bron, en banlieue est lyonnaise. En fuite, le braqueur et son complice seront quant à eux absents.

Déjà attaqué à plusieurs reprises dans sa carrière, l’octogénaire avait tué un braqueur en 1986, et obtenu un non-lieu pour ces faits. Dix ans plus tôt, il avait aussi été blessé par un malfaiteur. Dans l’affaire qui sera jugée ce mercredi, il avait atteint l’un des deux braqueurs de cinq projectiles. Mohamed B., jeune Brondillant déjà connu de la justice, avait dû être transporté à l’hôpital Édouard Herriot de Lyon afin d’y être opéré. Mis en examen il avait reconnu le braquage, des faits confirmés par plusieurs témoins.

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Le suspect s’est ensuite évaporé dans la nature après son placement sous contrôle judiciaire en février 2013. Idem pour son complice, au casier plus chargé, poursuivi seulement pour l’incendie de la voiture Ford (volée) utilisée pour le braquage. Aucun des deux ne sera donc présent, ce mercredi, 14 ans après les faits. L’audience a finalement été «correctionnalisée» par la chambre de l’instruction de Lyon dans une décision de 2022, au regret de Me Louis Cailliez, avocat du bijoutier.

Légitime défense ?

La justice a ordonné le renvoi de l’affaire devant le tribunal abandonnant la notion d’arme, et donc de braquage, pourtant retenue dans l’ordonnance de mise en accusation devant la cour d’assises signée en 2020. «En faisant disparaître l’arme du dossier, on affaiblit la légitime défense», déplore l’avocat du bijoutier. Cette position de légitime défense avait été contestée par le braqueur blessé.

Lors de la matinée du samedi 15 octobre 2011, Gilbert L. avait vu débarquer deux hommes masqués dans son commerce. Mohammed M. portait une cagoule fabriquée avec un tee-shirt et des chaussettes aux mains en guise de gants. Son complice avait aussi le visage dissimulé. Selon le récit du bijoutier, l’un l’avait mis en joue tandis que l’autre s’était dirigé vers le coffre.

Le bijoutier, qui pratique le tir sportif de longue date, avait alors saisi le magnum se trouvant dans son tiroir et fait feu (il possède également un fusil à pompe et un pistolet chargés). Il raconte avoir tiré un première fois puis avoir refait feu «à l’aveugle», abrité derrière son comptoir. Mohammed B. dit lui avoir reçu les deux derniers projectiles alors qu’il se trouvait au sol, ce que nie le bijoutier mais que l’expert balistique semble confirmer. L’analyse indique ainsi qu’il aurait tiré dans le dos du braqueur.

«Il lui est aujourd’hui reproché un acte similaire à ceux qui lui ont sauvé la vie à plusieurs reprises par le passé, balaie son avocat. On ne peut pas le juger comme tout un chacun. Les précédentes fois, il a eu peur pour sa vie, son cerveau a réagi comme celui de quelqu’un de traumatisé». Ce mercredi, Me Louis Cailliez demandera «un ultime renvoi» dans l’espoir de parvenir à un jugement en présence des accusés. Il réitérera aussi l’exigence que le dossier soit jugé aux assises.