«Cette fois-ci c’est un “même” représentant un juif en train de voler un portefeuille». Le syndicat étudiant marqué à droite UNI a exhumé une publication Facebook de l’enseignant-chercheur de l’université Lyon 2 Julien Théry, datée de janvier 2024, dans laquelle il relayait une caricature jugée antisémite. L’enseignant avait défrayé la chronique la semaine dernière pour avoir diffusé une liste de «génocidaires à boycotter» . L’université Lyon 2 annonce sa suspension temporaire après la découverte de ces nouveaux éléments.
«L’UNI Lyon apprend ce lundi avec stupeur la diffusion de caricatures ouvertement antisémites sur ses propres réseaux sociaux par Mr THERY», indique le syndicat dans un tweet daté de lundi. Le montage photo montre un homme portant une kippa siglée du drapeau d’Israël et une étoile de David dérobant le portefeuille d’une jeune femme tenant un drapeau palestinien avec la mention «Dieu m’a promis ce portefeuille» en anglais. L’UNI avait alors demandé à la présidence de l’université des «mesures disciplinaires immédiatement à l’encontre de cet antisémite notoire».
L’enseignant suspendu par l’université
Celles-ci sont tombées ce mercredi midi, avec l’annonce de l’université de la suspension, à titre conservatoire, de l’enseignant-chercheur spécialiste du Moyen-Âge. «Suite au signalement fait auprès du procureur de la République de Lyon le 25 novembre dernier, de nouveaux éléments conduisent l’Université Lumière Lyon 2 à prendre une mesure de suspension à titre conservatoire à l’encontre du professeur Julien Théry, annonce l’université par voie de communiqué. En effet, la teneur des propos et du visuel que celui-ci a postés sur les réseaux sociaux n’est pas compatible avec les valeurs de la République et de l’Université.»
L’enseignant restera en retrait dans l’attente d’une décision de la section disciplinaire compétente qui va être saisie par la présidence de l’université. «L’Université Lumière Lyon 2 accorde une grande importance à la lutte contre les discriminations de toute nature, indique-t-elle. Elle est dotée d’une cellule de signalement que peuvent saisir tous les membres de la communauté universitaire lorsqu’ils sont témoins ou victimes de propos ou d’agissements délictueux». L’université avait annoncé avoir saisi le procureur de la République la semaine dernière après l’affaire de la liste. Le parquet de Lyon avait ouvert une enquête.
Julien Théry avait reçu le soutien des syndicats Sud-Éduc Lyon 2 et CGT Lyon 2, dans un communiqué commun, lundi. «Tous et toutes accusent Julien Théry d’avoir produit une liste antisémite comparable aux heures les plus sombres du XXe siècle. Pourtant, cette liste, ce n’est pas lui qui l’a construite. Il n’a fait que reprendre telle quelle une liste publique de signataires d’une tribune appelant Emmanuel Macron à “ne pas reconnaître un État palestinien sans conditions préalables”, parue en septembre dernier (…) Notre collègue n’a fait que réagir politiquement à cette tribune, et en aucun cas celui-ci n’a constitué une liste de personnalités au nom de leur origine supposée, ce qu’aucune organisation syndicale n’aurait bien évidemment pu soutenir».
La région Auvergne-Rhône-Alpes, par la voix de son président Fabrice Pannekoucke (LR) avait vilipendé cette liste. «Nouvelle dérive à l’Université Lyon 2 : la diffusion d’une caricature antisémite est inadmissible», avait-il réagi. Le maire de Lyon, Grégory Doucet (EELV), avait également dénoncé une «publication indigne aux relents nauséabonds».