Airbags Takata : une nouvelle action de groupe lancée contre Stellantis

De nouveaux déboires judiciaires pour Stellantis, liés au scandale des airbags défectueux Takata. L’association de consommateurs CLCV (Confédération de la consommation, du logement et du cadre de vie) a annoncé mercredi 3 décembre lancer une action de groupe contre le constructeur automobile, devant le tribunal judiciaire de Paris. Les marques Peugeot, Citroën, DS Automobiles, Fiat, Opel, Chrysler, Dodge, Jeep et Lancia sont principalement concernées par la procédure, selon la CLCV.

L’association dénonce une campagne de rappel «tardive, partielle et désorganisée», qui a «porté préjudice à de nombreux propriétaires» de véhicules équipés d’airbags Takata. Environ 1,7 million de voitures sont encore concernées en France par un rappel «stop drive», qui implique de ne plus rouler avant le remplacement (gratuit) des airbags du véhicule.

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«Vous recevez un courrier vous disant d’arrêter de prendre votre voiture car c’est dangereux, ou vous demandant de prendre rendez-vous au garage, sauf qu’ils sont compliqués à obtenir. Pendant ces délais, on fait quoi ? Certains n’ont d’autre choix que de prendre leur automobile. D’autres ont dépensé de l’argent pour prendre un véhicule de remplacement», explique l’association de défense des consommateurs et des usagers au Figaro. Environ 150 personnes se sont ralliées à cette action de groupe, précise la CLCV.

Une action déjà lancée par l’UFC-Que Choisir en juillet

Les automobilistes dont l’airbag s’est déclenché demandent l’indemnisation des préjudices corporels, moraux et matériels. Quant à ceux dont l’airbag ne s’est pas déclenché, ils réclament une réparation au titre des préjudices de «jouissance» et «matériels» liés à l’immobilisation prolongée du véhicule et à l’absence de véhicule de remplacement (comme les dépenses liées à l’immobilisation telles que le règlement de l’assurance et les frais de stationnement), mais aussi au titre des préjudices moraux comme le «préjudice d’anxiété».

Cette action de groupe, engagée sur le volet civil, s’ajoute à celle déposée en juillet dernier par l’association UFC-Que Choisir contre Stellantis et Citroën. «Depuis avril 2025, n’importe quel sujet peut faire l’objet d’une action de groupe», décrypte Me Christophe Lèguevaques, avocat au barreau de Paris spécialisé dans les actions collectives. «Il y aura sûrement une jonction des deux affaires», estime-t-il.

Sur le volet pénal, une action collective, réservée au départ aux propriétaires de Citroën C3 et DS3, a été étendue en novembre à plusieurs dizaines de nouveaux modèles. Elle concerne des véhicules des groupes Stellantis, BMW, Toyota et Volkswagen et est en cours d’instruction, détaille Me Christophe Lèguevaques, qui représente des participants à cette action collective. «Elle a pour objectif de sanctionner le comportement considéré comme infractionnel, et de réparer les préjudices des victimes», précise-t-il.

18 décès en France, une trentaine aux États-Unis

Les victimes des airbags Takata se comptent par centaines à travers le monde. En France, ces airbags défectueux ont causé la mort de 18 personnes, dont 16 dans les Outre-Mer, et 25 blessés. On dénombre une trentaine de décès aux États-Unis. Est en cause un boîtier, composante principale de l’airbag, qui se fissure sous l’effet d’un dégagement de gaz trop rapide dû à une anomalie, provoquant des explosions intempestives. Du métal et des débris sont projetés à toute vitesse dans l’habitacle, provoquant des blessures parfois mortelles.

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Le premier accident a eu lieu en 2004. Depuis, les campagnes de rappel se multiplient. En Europe, les fabricants ont commencé à en lancer en 2015 et 2016, et les plus tardives ont eu lieu en 2020 et 2021, selon un rapport commandé par le gouvernement et confié à l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD). Ce dernier, publié en juillet dernier, dénonce une efficacité «relative» des campagnes de rappel.

Stellantis dit ne pas communiquer sur les actions en cours. « Depuis le début des campagnes de rappel d’airbags Takata, Stellantis mobilise l’ensemble de son réseau et met en œuvre les moyens les plus importants pour garantir la sécurité de ses clients, indique le constructeur. Grâce à cette mobilisation exceptionnelle de nos réseaux après-vente et à la présence de concessionnaires et d’agents au plus près de nos clients jusque dans les villages, 70% des véhicules de la flotte française de véhicules Stellantis équipés d’airbags Takata des marques Citroën, DS et Opel ont été traités. Nous avons depuis le début opéré une action échelonnée, par type de véhicules.»