Retour de la voiture, vidéosurveillance, dératisation... Les propositions de Philippe Dessertine candidat à Bordeaux

«Je veux faire de Bordeaux la ville la plus sûre, la plus belle et la plus propre de France.» Voici la promesse de Philippe Dessertine, candidat aux prochaines élections municipales à Bordeaux, qui a présenté les grandes lignes de son programme ce mardi. L’économiste a mis en avant «la rigueur dans les comptes comme la seule solution» pour continuer à développer la ville, malgré l’explosion de la dette sous la mandature de la majorité écologiste sortante. Il base l’essentiel de sa campagne sur le triptyque également porté par l’opposition depuis le début du mandat de Pierre Hurmic : sécurité, propreté, circulation.

Bordeaux, «tolérance zéro face aux crimes»

Le sexagénaire partage avec Nathalie Delattre (Parti radical) ou Thomas Cazenave (Renaissance) le constat d’une insécurité croissante à Bordeaux. Dans son prospectus de campagne, il assure ainsi que «le risque d’être victime d’un crime ou d’un délit est plus élevé de 60% à Bordeaux que dans les villes françaises de taille similaire». Une estimation qu’il impute au manque de moyens accordés par la municipalité écologiste à la lutte contre l’insécurité. D’après les chiffres présentés par son équipe, la ville de Bordeaux dispose de 202 caméras de surveillance pour 49,36 km², soit deux fois moins que la ville limitrophe de Mérignac qui dispose de 436 caméras pour une surface similaire de 48,17 km². «Il va falloir rattraper ce retard. Partout où les villes sont plus sûres, les caméras de vidéosurveillance jouent un rôle fondamental. Surtout si elles sont équipées d’un outil d’intelligence artificielle pour exploiter les images», déclare-t-il.

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Pour le professeur à l’université de La Sorbonne à Paris, «l’accélération des problématiques liées aux stupéfiants» exige une montée en puissance de la réaction municipale. «En 2026, un maire doit voir que la situation française face au narcotrafic  est extrêmement préoccupante et comprendre que l’État ne pourra pas tout», juge ainsi l’économiste. Un tacle discret à Pierre Hurmic, qui bien que «très préoccupé par le phénomène de délinquance lié au trafic de stupéfiants», rappelait dans nos colonnes en avril 2024 que «cette lutte est une responsabilité de l’État». Une vision loin de satisfaire Philippine Dessertine.

Il va falloir passer du bleu visible dans les rues à l’action

Philippe Dessertine, candidat aux élections municipales à Bordeaux

Le candidat promet ainsi une «tolérance zéro face aux crimes, délits et incivilités du quotidien» et il souhaite donc accroître les effectifs de la police municipale. «Il ne s’agit pas d’inventer le fil à couper le beurre... Typiquement, la police municipale passe très souvent cours Victor Hugo et pourtant, il y a un point de deal  à 20 mètres de là, dans la rue Saint Faure, où elle ne passe jamais. Il va falloir passer du bleu visible dans les rues à l’action.» Pour mettre en pratique cette idée, il entend quintupler le budget accordé à la sécurité pour le porter à 80 millions d’euros par an, contre 16 millions d’euros aujourd’hui.

Bordeaux, une ville propre et «pimpante»

Quartier par quartier, le candidat issu de la société civile veut aussi rendre la ville plus propre, plus belle, plus «pimpante». Il propose donc de nettoyer les rues avec l’eau stockée par les collecteurs des parkings souterrains. Il annonce aussi sa volonté de désherber les trottoirs, lutter contre les moustiques et dératiser les souterrains de la ville, à l’inverse des écologistes. «Les rats ne sont pas nos amis sous prétexte de biodiversité. Le patrimoine de Bordeaux dont nous avons la charge est exceptionnel», insiste-t-il.

Bordeaux, «une fausse ville cycliste»

Alors que Bordeaux est devenue en 2025 la ville la plus embouteillée de France devant Paris, Philippe Dessertine veut inverser la vapeur et redonner de l’espace à la voiture en centre-ville. Au menu : création de places stationnement «essentielles aux habitants, aux artisans et aux commerces», soutien à la rénovation du réseau de Transports de Bordeaux Métropole (TBM) exploité en régie par Keolis ou encore sécurisation des pistes cyclables. «Bordeaux est une fausse ville cycliste où le respect du code de la rue, par tous, doit devenir un impératif», annonce le candidat. Pour «décongestionner» la ville, Philippe Dessertine veut aussi prioriser le développement du transport fluvial sur la Garonne, à l’image de la ville de Lyon qui a réhabilité sa navette fluviale en juin.

Bordeaux, la ville connectée

Pour inscrire Bordeaux dans le futur, Philippe Dessertine désire que celle-ci devienne pionnière dans le secteur du numérique, qui draine de nombreuses retombées économiques. Il entend donc créer une école de codage et des métiers de la tech, qui serait installée dans les cités des Aubiers et de Ginko et qui serait «gratuite» pour les étudiants. À Bordeaux-Nord, le candidat voudrait installer un grand data center, des entreprises contribuant au «développement de l’ordinateur quantique» et à de «multiples initiatives en intelligence artificielle.»

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Bordeaux ville de l’eau

L’économiste estime enfin que le Port de la Lune doit redevenir la ville de l’eau. Un désir qui induit selon lui de revoir la «mauvaise gestion» de ce bien par la régie. Il estime ainsi le prix du mètre cube trop cher (3,99 €/m3 à Bordeaux, contre 1,75 €/m3 à Strasbourg) ou encore que les fuites dans le réseau gaspillent trop d’eau. Le candidat souhaite aussi «s’inspirer des experts, tels que les Néerlandais ou les Israéliens» pour face à «l’inévitable montée des eaux» dans certains «quartiers marécageux» tels que les quartiers nord de Bordeaux.