Pas moins de deux réunions interministérielles dans la journée du mardi 16 décembre pour apaiser la colère des éleveurs. Afin de tenter de désamorcer le mouvement de protestation contre l'abattage des bovins, le gouvernement promet une accélération de la vaccination dans le Sud-Ouest contre la dermatose nodulaire contagieuse, avec 750.000 bovins supplémentaires ciblés.
"Dans les semaines qui viennent, il faut que l'intégralité de ce cheptel soit vacciné et nous nous y employons" pour juguler la propagation de la maladie, a annoncé la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard. Plus tôt, le Premier ministre, Sébastien Lecornu, avait déjà promis "d'accélérer" la vaccination, pour rassurer les éleveurs très mobilisés dans le Sud-Ouest contre la gestion de cette crise par le gouvernement. En plus des vétérinaires des services de l'Etat, le gouvernement mobilisera pour les injections des vétérinaires volontaires (libéraux, retraités ou en activité), des vétérinaires militaires (parmi les 70 en service) et des élèves vétérinaires.
De nouvelles doses de vaccin vont arriver
"Mais pour ça, il faut absolument qu'on ait les doses de vaccins disponibles et qu'on arrête de courir après les doses comme on est en train de le vivre en ce moment", prévient Yohann Barbe, président de la FNPL (producteurs de lait). Car cette campagne vaccinale représente un défi logistique majeur, les doses devant être acheminées vers les dix départements situés à l'intérieur d'un "cordon sanitaire" : l'Ariège, le Lot, la Haute-Garonne, les Hautes-Pyrénées, les Pyrénées-Orientales, le Gers, les Landes, les Pyrénées-Atlantiques, l'Hérault et le Tarn.
Un stock de 500.000 vaccins, fourni par le ministère de l'Agriculture, est déjà en cours d'acheminement vers le Sud-Ouest, et "une première livraison de 400.000 doses", issues d'une commande réalisée la semaine dernière auprès des Pays-Bas, sera acheminée prochainement, a détaillé Annie Genevard.
Poursuite des blocages
Le gouvernement ne "répond à aucune de nos deux revendications principales", l'ouverture vaccinale sur toute la France et la fin de l'abattage total dès la détection d'un cas, a réagi sur BFMTV, le porte-parole de la Confédération paysanne, Thomas Gibert. Le syndicat a ensuite appelé dans un communiqué "à amplifier et durcir les mobilisations ainsi qu'à continuer les blocages". "Il n'y a pas grand chose qui a changé", a réagi Jérôme Bayle, figure du mouvement agricole de 2024, sur BFMTV. "On s'oppose fermement à l'abattage total du moment qu'on a vacciné", a-t-il souligné depuis un point de blocage de l'A64.
Mardi, au septième jour consécutif de mobilisations, plusieurs axes routiers et ferroviaires étaient bloqués par des agriculteurs dans le Sud-Ouest à l'appel des syndicats Coordination rurale, radicale et parfois ouvertement proche de l'extrême droite, et Confédération paysanne, classée à gauche. En fin d'après midi, 75 actions étaient recensées par le ministère de l'Intérieur, mobilisant 3.400 personnes.
D'autres actions sont d'ores et déjà prévues mercredi à Limoges, où la Coordination rurale de Haute-Vienne appelle les paysans à monter un mur de foin et de paille devant la préfecture.