Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder dans son intégralité.
Dans une camionnette blanche à Pouilley-Français (Doubs) début décembre, des vétérinaires sont accueillis par des jets de bouse de vache, alors qu'ils venaient tétaniser un troupeau touché par la dermatose nodulaire. C'était il y a quinze jours. Depuis, d'autres vétérinaires sont ciblés comme Jean-Yves Gauchot, président de la Fédération des syndicats vétérinaires. Après s'être exprimé publiquement en tant que représentant syndical, il reçoit ce mail dimanche soir : "Dans une autre époque vous seriez sur un pique. Vous ne méritez pas votre diplôme."
Il porte plainte à la gendarmerie et incite ses confrères, eux aussi visés, à en faire autant. "On comprend la détresse, ça, ce n'est pas le sujet. Mais on n'a pas fait vétérinaire pour se faire menacer de mort", déplore-t-il. Le parquet a ouvert une enquête préliminaire.
Des menaces prises au sérieux par le Conseil de l'Ordre des Vétérinaires
Par mail ou sur les réseaux sociaux, de nombreux vétérinaires sont aujourd'hui insultés ou menacés. "Ne faudrait-il pas publier les noms et adresses de ces collabos, préfets, vétos, etc. ?", peut-on lire en ligne. "Sortez les fusils et faites en usage sur ceux qui veulent assassiner vos vaches, et vous avec", abonde un autre internaute.
Des intimidations qui semblent faire effet. Au téléphone, un vétérinaire nous confie avoir subi des pressions. Il ne sait pas qu'il est enregistré : "Ça commence à être assez tendu au niveau local avec des éleveurs. Je ne préfère pas trop me prononcer", explique-t-il au téléphone.
Face à ces tensions, le Conseil de l'ordre des vétérinaires recommande aujourd'hui une vigilance accrue sur le terrain. "Je les appelle effectivement à la prudence. Je les appelle aussi à faire valoir leurs droits de retrait dès lors qu'ils considèrent que leur intervention ne se fait pas dans un climat de sécurité", souligne Jacques Guérin, président du Conseil National de l'Ordre des Vétérinaires - CNOV.
Depuis le début de l'épidémie en juin dernier, 3 300 vaches ont été euthanasiées en France.