"Une page se tourne" : à Reims, commerçants et habitants s'émeuvent, après le retrait du groupe Galeries Lafayette, opposé à l'arrivée de Shein

L'arrivée de Shein en France bouscule plusieurs centres-villes français. Mardi 4 novembre, le groupe Galeries Lafayette, opposé à l'installation du géant chinois de l'ultra fast-fashion dans des magasins qui portent son nom, a annoncé la fin de son partenariat avec la Société des grands magasins (SGM), qui exploite notamment le BHV à Paris.

À Dijon, Angers, Limoges ou encore Grenoble, l'enseigne historique se retire donc avant que Shein propose ses vêtements en rayon. Au-dessus des portes d’entrée du magasin de Reims, l’inscription Galeries Lafayette a déjà été retirée. Ingrid, une habituée des lieux, déplore la fin d'une ère : "Ce qui m'a choquée, c'est de voir des vidéos où on enlève l'enseigne. Ça m'a fait drôle, on se dit qu'une page se tourne".

"C'était une institution"

Cyril note que les drapeaux "Galeries Lafayette" flottent toujours au-dessus du bâtiment. Pour cet autre Rémois, c'est une partie du commerce à la française qui disparaît. "C'était une institution pour les fêtes de Noël, c'était quelque chose qu'on aimait bien aller voir, affirme-t-il. Puis c'était surtout un rassemblement de grandes marques cosmétiques, en maroquinerie, etc. C'était une valeur sûre de prestige de marques françaises principalement."

"C'est un peu le moteur, comme une locomotive de la ville de Reims au niveau commercial", estime même Cédric, le directeur de la boutique de décoration Harold, situé juste à côté des anciennes Galeries. Il espère que la clientèle de Shein viendra également chez lui et préfère voir le verre à moitié plein : "Les gens maintenant cherchent beaucoup les petits prix parce qu'ils veulent pouvoir acheter plus souvent et renouveler plus souvent leurs affaires".

"Je pense que ça ne va pas drainer une mauvaise clientèle, je pense qu'il faut arrêter avec ça, que c'est phobique, mais ce n'est pas du tout vrai."

Cédric, directeur d'une boutique de décoration

à franceinfo

Le commerçant ajoute que "pour venir en centre-ville de toute façon, il faut pouvoir avoir le permis, les transports en commun, c'est compliqué, il n'y a que le tramway". Il conclut : "Je pense qu'il faut voir le côté positif, je n'ai pas envie d'avoir l'esprit noir".

"Après, ce sera quoi ?"

Dans la boutique d'en face, Céline se veut plus pragmatique. "Vous n'aurez jamais un magasin indépendant qui vous dira qu'il est pour l'arrivée de Shein. Après, ce sera quoi ? Temu ? Puis Alixpress ?", grince-t-elle.

Un agacement que partage Vincent Mansencal, le président de l'association de commerçants Vitrines de Reims. Il estime que l'arrivée de Shein est un nivellement par le bas et ne cache pas sa déception. Pour lui, les Galeries Lafayette représentent "l'art de vivre à la française". Alors "accueillir le commerce chinois, c'est quelque chose qui ne nous plaît pas du tout". L'enseigne d'ultra fast-fashion fera pourtant bien son entrée dans le prestigieux magasin rémois à compter du mardi 18 novembre.