«S’abstenir d’utiliser un langage écologique vague» : une vingtaine de compagnies aériennes vont changer leurs pratiques

Une vingtaine de compagnies aériennes européennes, dont Lufthansa et Air France, se sont engagées à renoncer à leurs allégations environnementales trompeuses sur la «compensation» carbone de leurs vols, a annoncé la Commission européenne vendredi.

À l’issue d'un dialogue avec la Commission et des associations de protection de consommateurs, ces compagnies doivent cesser de «prétendre» neutraliser, compenser ou réduire directement les émissions de CO2 de leurs vols par des «écocontributions» des passagers.

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Pour éviter ce «greenwashing» (écoblanchiment), il leur faudra «s'abstenir d'utiliser un langage écologique vague» et justifier leurs promesses de «performance environnementale future», a souligné la Commission, au moment où commence la conférence de l'ONU sur le climat au Brésil (COP30).

Preuves suffisantes

Ces compagnies s'engagent également à afficher les calculs d'émissions de CO2 de manière claire et transparente et à fournir des preuves scientifiques suffisantes quand elles affirment que leur impact environnemental s'améliore.

Les 21 compagnies qui ont accepté de modifier leurs pratiques sont Air Baltic, Air Dolomiti, Air France, Austrian Airlines, Brussels Airlines, Eurowings, EasyJet, Finnair, KLM, Lufthansa, Luxair, Norwegian, Ryanair, SAS, SWISS, TAP, Transavia France, Transavia CV, Volotea, Vueling et Wizz Air.

Leurs engagements font suite à une plainte déposée en juin 2023 par des associations de protection de consommateurs auprès de la Commission européenne. Le comportement du secteur aérien a commencé à évoluer depuis à petits pas, après une série de revers en justice.

Publicités «vagues et générales»

KLM a perdu en mars 2024 un procès pour «greenwashing», un tribunal d'Amsterdam estimant que la compagnie avait induit les consommateurs en erreur avec des publicités «vagues et générales» sur le caractère durable de ses vols. Un an plus tard, Lufthansa s'est vue interdire par un tribunal allemand de faire de la publicité «trompeuse» pour la compensation des émissions de CO2.

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Air France ne propose plus de compensation carbone. À la place, ses clients peuvent contribuer à l'acquisition de carburant d'aviation durable (SAF, son acronyme en anglais) où ses engagements vont au-delà de la législation. Mais «il y a une marge d'évolution» sur l'honnêteté de la communication des compagnies, a souligné Diane Vitry, directrice aviation de l'ONG Transport & Environment.

Pour elle, l'idéal serait «qu'une publicité pour un vol mentionne l'impact climatique», à l'instar des mises en garde sur les effets de l'alcool et du tabac sur la santé.

Le transport aérien émet 3% du CO2 mondial, mais sa contribution au réchauffement est supérieure, car les avions rejettent d'autres gaz à effet de serre et des traînées de condensation.


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