Paillettes et mascara : quand Mariah Carey transforme la magie de Noël en business

Depuis six ans, le rituel en deux temps est immuable. À l’automne, plongée dans un bain moussant ou cachée derrière une porte, Mariah Carey fait d’abord monter la pression en glissant malicieusement «not yet» (pas encore) sur Internet. L’an dernier, elle avait pris le prétexte des élections présidentielles pour dire aux Américains, «ce n’est pas encore maintenant mais c’est la saison des votes.»  Dans un second temps, le moment tant attendu a lieu à minuit pile dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre. Alors qu’Halloween se termine, la diva lance la saison de Noël en dévoilant un clip d’un mauvais goût assumé d’environ 60 secondes où son célèbre cri «it’s Tiiiiime» sert de moment de bascule. Le tout avec en fond sonore, son tube All I want for Christmas.

Jusqu’à présent, ses clips étaient toujours drôles et créatifs. Il y a six ans, elle avait commencé avec simplicité, en s’endormant dans un costume de sorcière et se réveillant en habits rouges. Dans une autre édition, on la découvre congelée dans un bloc de glace qu’elle explose en criant «it’s time». En 2021, habillée en Mère Noël, elle détruit des citrouilles illuminées d’Halloween en utilisant une batte de base-ball en forme de sucre d’orge. Notre préféré est celui de 2022 où, déguisée en sorcière sexy dans un film en noir et blanc, elle pédale pour faire tomber les jours du calendrier telles des feuilles mortes. Dans une autre édition réussie, elle rend hommage au septième art avec des clins d’œil à La Famille Adams et à La Reine des Neiges.

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Au vu de cette escalade dans la créativité, c’est dire si l’édition 2025 était attendue. Sur le papier, le scénario avait tout pour plaire. Habillée d’un costume d’ange féerique avec ailes en plumes de cygne et couronne d’étoiles dorées, la diva s’apprête à se maquiller dans son château. Impossible car quelqu’un lui a chapardé ses produits de beauté. Le voleur est un elfe mécontent de ses conditions de travail. Il fait grève et menace de démissionner.

Moins de magie, plus de publicité

Le clip serait formidable si -pour la première fois-, une célèbre marque n’était pas omniprésente à l’écran. Ses sacs rayés sont constamment dans le champs de la caméra et quand la diva s’envole au-dessus de la ville sur son traîneau, un zoom s’attarde sur son enseigne qui brille dans la nuit. Ce n’est plus un clip mais une publicité où la marque a pris le dessus. À 56 ans, Mariah Carey a rompu une tradition sympathique et c’est bien dommage.

Fin décembre, elle fera ses comptes et verra si cette stratégie a nui ou non à son image. Selon The Economist, All I Want for Christmas qu’elle a cosigné en 1994 lui rapporte de façon passive près de 3 millions de dollars par an. Pour Sony (RCA) qui en possède les droits d’édition, c’est aussi une très bonne affaire. Au fil des années, le titre s’est imposé comme «la» chanson de Noël face aux standards des années 1930-1950 comme Jingle Bells et Winter Wonderland. Même si la diva a sorti fin septembre un nouvel album Here For it All, où s’accumulent des titres plutôt courts et sirupeux, l’essentiel de ses revenus repose sur les fêtes de fin d’année.

Concerts à Las Vegas

Chaque hiver, elle fait tout ce qu’il faut pour que son tube intemporel monte en puissance sur les playlists de Noël des plateformes de streaming et ce jusqu’à fin décembre. Derrière, elle en profite pour lancer sa nouvelle collection de produits dérivés et signer une foule de contrats publicitaires avec des chaînes de télévision, des plateformes comme Amazon, des éditeurs de livres, de jeux vidéo ou tout simplement vendre la chanson en fond sonore pour une publicité Mc Donald’s. Cette fois-ci du 28 novembre au 13 décembre, elle a également une résidence intitulée Christmas Time à Las Vegas à vendre. Ce lundi 3 novembre, avec des prix de 143 à 599 dollars sur Ticketmaster, la salle Dolby Live du Park MGM est loin d’être complète. Quant à son nouvel album, il ne figure même pas dans le top 200 des meilleures ventes en France. À trop essorer le fan, ce dernier finit par jeter l’éponge ?