Après seize mois passés derrière les barreaux en détention provisoire, Éric G., le policier de Bobigny (Seine-Saint-Denis) qui avait abattu un squatteur sans papiers en juin 2024 au domicile de sa grand-mère, a été remis en liberté lundi en début de soirée, a-t-on appris auprès de son avocat et de ses proches.
La cour d’appel de Paris a confirmé la décision du juge des libertés et de la détention, malgré l’appel du parquet qui s’opposait à toute levée de détention. Le jeune fonctionnaire de 26 ans a pu retrouver sa famille, sous le regard ému de ses parents venus le chercher à la sortie de la prison. «Ces 16 mois auront été terribles pour ce jeune homme qui sort brisé de cette expérience», a réagi le conseil du jeune homme, Me Laurent-Franck Liénard. «Il va falloir qu’il se rétablisse pour faire face aux prochaines échéances, mais c’est en homme libre qu’il les affrontera», a-t-il ajouté.
Passer la publicitéAssignation à résidence
Placée sous le régime de l’assignation à résidence, la mesure prévoit que le policier séjourne temporairement chez des amis en dehors du département. «Ça y est, il est chez nous, nous sommes allés le chercher. C’est une émotion énorme !», a confié sa mère au Figaro lundi soir. «Dès demain, il devra aller chez des amis en assignation à résidence». Cette étape judiciaire met fin à une détention provisoire marquée par six refus successifs de mise en liberté.
L’affaire avait suscité une vive émotion dans les rangs policiers et parmi les soutiens d’Éric G., qui dénonçaient un traitement injuste au regard des circonstances du drame. Le 29 juin 2024, alors qu’il se rendait chez sa grand-mère à Bobigny après une tentative d’effraction, le jeune policier avait fait feu à sept reprises sur Amar Slimani, un ressortissant algérien sans papiers, qui s’était introduit dans le garage de la nonagénaire. Éric G. avait affirmé avoir tiré en état de légitime défense, expliquant avoir été poursuivi et menacé par l’homme.
«Lumière» et «dignité»
Une version vivement contestée l’avocat des proches de M. Slimani, représentés par Me Yassine Bouzrou. Ce dernier estime notamment que les conclusions de la reconstitution menée fin septembre ont «démontré les nombreux mensonges du policier» et que sa version «est totalement contraire à la vérité». Il soutient par ailleurs que la victime n’était pas un squatteur, mais un travailleur clandestin qui effectuait de menus travaux chez la grand-mère d’Éric G., et que le caractère raciste des faits ne fait «aucun doute».
L’information judiciaire pour «homicide volontaire» est toujours en cours. Aucune date de procès n’a encore été fixée. Le député européen et ancien commissaire de police Matthieu Valet (RN) s’est lui aussi félicité de cette libération sur ses réseaux sociaux : «Aujourd’hui, [Éric] peut enfin retrouver un peu d’air, de lumière, de dignité.» Pour l’heure, le jeune homme demeure sous contrôle judiciaire dans l’attente de la suite de la procédure.