La Guadeloupe face à des violences grandissantes. Un rassemblement est organisé, samedi 29 novembre sur l'archipel, pour lutter contre toutes les formes de violence et notamment celle avec armes. Le département ultramarin connaît le deuxième taux d'homicide le plus élevé en France, derrière la Guyane. Des dizaines de milliers d'armes illégales sont en circulation sur une île qui ne fait que 1 628 km2. Les armes guadeloupéennes, qui proviennent des îles voisines, servent dans des règlements de comptes liés au trafic de drogue ou pour commettre des vols, avec à l'issue de nombreuses victimes.
Kimael, 16 ans, a été tué de plusieurs coups de couteau au défilé du carnaval à Pointe-à-Pitre, en janvier dernier. Un autre jeune homme, âgé de 19 ans, a été touché à la tête par des tirs au pied d'un immeuble, début novembre. Davy Périac, lui, a perdu la vie en avril dernier alors qu'il rentrait chez lui à moto après un concert. "Il n'était dans rien, c'était un jeune infirmier libéral, aimé de tous", témoigne Betty Torrent, présidente d'une association qui lutte contre les violences sur l'île. Elle connaissait celui tué par balles par des individus qui voulaient lui voler son deux-roues.
Betty Torrent est à l'origine du rassemblement organisé jeudi pour dénoncer ces violences : "La jeunesse a une perte de repères et ne trouve pas d'espoir au niveau des formations, au niveau du travail, face à la montée du chômage, à la crise financière et puis tout cela amène à des règlements de comptes et tout ce qui s'ensuit", analyse-t-elle.
"L'État se fiche complètement de ce qui se passe ici"
On décompte, depuis le début de l'année, 47 homicides en Guadeloupe et environ 40 000 armes en circulation sur l'île sur fond de narcotrafic. "Nous sommes arrivés à une situation extrême, alerte Sandra Adonis Navarrin, avocate pénaliste qui représente la famille de Davy Périac. On parle de 13, 14, 15, 16 ans. Toute cette partie d'adolescents, ils sont déjà armés et sans aucune difficulté, en les achetant dans la rue parce qu'il y en a tellement. Maintenant, vous pouvez avoir une arme en dessous de 500 euros."
"Encore récemment, on s'est retrouvé dans une situation où il y avait un gamin de 13 ans, qui était armé d'un Glock, donc d'un 9 mm."
Sandra Adonis Navarrin, avocate pénalisteà franceinfo
"C'est dingue de se rendre compte dans une île aussi petite qui y ait pu avoir ce laisser-faire, reprend Sandra Adonis Navarrin. C'est de la folie totale. Plus d'une quarantaine de meurtres depuis le début d'année ou de tentatives d'homicides, mais on va où ? Sur une aussi petite île ? Comment faire maintenant pour pouvoir enlever toutes ces armes en circulation ? J'ai presque envie de vous dire que c'est beaucoup trop tard. 40 000 armes, c'est pas possible que ça continue, ce n'est plus possible. L'État s'en fiche complètement de ce qui se passe ici."
Un fléau tel que l'on estime aujourd'hui qu'il y a une arme pour dix habitants sur l'archipel, où la population s'élève à légèrement moins de 400 000 habitants.