Les "titis du PSG", les joueurs formés au club parisien, font partie du paysage du Paris Saint-Germain depuis toujours. Certains ont marqué l'histoire, Jean-Marc Pilorget, Nicolas Anelka, Alphonse Aréola, Presnel Kimpembe ou Adrien Rabiot. Ils ont tous réalisé une grande carrière, à Paris ou ailleurs. Depuis l'arrivée de l'entraîneur espagnol Luis Enrique, d'autres "titis" issus du centre émergent.
Ils sont même nombreux à avoir disputé des matches cette saison, que ce soit en Ligue 1 ou en Ligue des champions. En C1, quatre joueurs issus du centre de formation ont disputé des rencontres : Warren Zaïre-Emery, Senny Mayulu, Ibrahim Mbaye et Quentin Ndjantou.
Les "titis", plus que des joueurs de complément
Les deux premiers cités ont respectivement, avec 291 et 243 minutes, les 8e et 10e temps de jeu dans la compétition. Avec des titularisations à la clé. Ibrahim Mbaye, 17 ans, a participé à trois rencontres sur quatre avec 98 minutes de jeu. Quant à Quentin Ndjantou, il a participé à deux rencontres, donc celle à Barcelone pour 24 minutes disputées. Cela peut bien sûr s'expliquer par les nombreuses blessures et indisponibilité du début de saison, mais c'est aussi une volonté assumée du club de la capitale.
Des gamins qui bluffent les professionnels. "Ces jeunes sont incroyables, ils travaillent très dur. Parfois, on ne réalise pas qu'ils n'ont que 16 ou 17 ans", confie le Géorgien Khvicha Kvaratskhelia. "Ils continuent à bosser après les entraînements, c'est génial ! C'est une superbe académie à Paris. Ils feront partie des meilleurs joueurs dans le futur. Et surtout, ce sont de bons garçons humainement", estime l'attaquant parisien.
Si l'on regarde le top 8 du classement de la Ligue des champions, le PSG est l'équipe qui a accordé le plus de temps de jeu à ses joueurs issus du centre de formation. Et sur toutes les équipes de la compétition, seuls le Club Bruges et Chelsea accordent plus de temps de jeu aux joueurs âgés de 21 ans ou moins.
Tout sauf "un cadeau", précise d'emblée le conseiller football au PSG, Luis Campos, à l'occasion d'une table ronde célébrant les 50 ans d'existence du centre de formation du club de la capitale, lundi 24 novembre. "S'ils jouent, c'est qu'ils le méritent, qu'ils sont compétents pour jouer au PSG. On a la culture du mérite dans ce club et je suis content que ça fonctionne comme cela", confie le Portugais.
"L'objectif qu'on s'est fixé en début de saison, après des discussions avec le coach, ce n'est pas d'avoir deux joueurs par poste. C'est d'avoir quatorze à quinze joueurs compétents pour jouer au PSG, capables d'évoluer à plusieurs postes. Et cela nous donne aussi l'opportunité d'avoir 6 ou 7 joueurs jeunes de notre formation à l'entraînement", a détaillé le directeur du football Luis Campos.
"On a toujours cet espace reservé pour nos jeunes. Je pense qu’avec le temps, avec un projet sur le long terme, il sera possible d’avoir une équipe sans avoir à dépenser de grandes sommes pour le mercato. Une équipe plus parisienne, plus française sur le terrain !"
Luis Campos, directeur du football au PSGLors d’une table ronde sur les 50 ans du centre de formation
Des jeunes à la maturation plus ou moins rapide. Luis Campos a d'ailleurs pris le cas de Quentin Ndjantou, 18 ans et 8 apparitions toutes compétitions confondues avec le PSG. Son avenir a été un temps en suspens. "Il a eu une grave blessure, on a eu des doutes en fin de saison dernière. Yohann Cabaye m'a mis la pression en disant qu'il fallait le garder", a confié le directeur du football. "On lui a signé un contrat pro, et ensuite il nous a convaincus, jusqu'à Luis Enrique. Et depuis, il a fait des matchs extraordinaires avec la Youth League et maintenant on a un joueur avec un énorme potentiel au PSG !".
Étroites relations entre le centre de formation et le groupe pro
Au PSG, tout est fait pour que le lien soit direct entre la formation et le groupe professionnel. L'architecture du campus tout d'abord, avec une montée de catégorie en catégorie par étapes. Tout en bas, la formation, au deuxième niveau les équipes de jeunes et, tout en haut, le secteur professionnel. "Ce qui me marque, c'est quand tu passes d'un plateau à l'autre et qu'en prenant les escaliers, il y a les noms des joueurs formés devenus pro, et cela te mène jusqu'aux locaux de l'équipe première. Bravo à celui qui a pensé à faire ça !", glisse Luis Campos, dans un sourire.
"C'est un projet global, si on travaille très dur tous les jours, c'est dans un seul but, une seule mission : pouvoir fournir des joueurs à l'équipe professionnelle", ajoute Yohan Cabaye, directeur du centre de formation. "C'est un objectif quotidien, avec une remise en question permanente, une énergie qu'on doit tous avoir pour être au service de l'équipe première".
Les jeunes joueurs qui montent en direction de l'équipe fanion, et aussi parfois l'entraîneur Luis Enrique qui descend à la rencontre des formateurs. Le but ? Accorder leurs violons pour que les joueurs du centre soient compatibles avec le jeu pratiqué par l'Asturien.
"Partage de connaissances" avec Luis Enrique
"Il y a un an, on a mis en place une rencontre avec tous les entraîneurs de toutes les catégories, on a fait une réunion de deux heures où avec Luis Enrique et tout son staff, il y a un échange sur le projet, les principes de jeu pour créer des mécanismes qui aident les joueurs à avoir leur mission facilitée quand ils vont chez les pros mais aussi qu'ils soient préparés pour les entraînements et ensuite dans les matches", révèle Luis Campos.
"Luis Enrique n'oblige à rien, ne leur donne pas d'exercices d'entraînement. Il n'y a pas de 4-4-2 ou 4-3-3, c'est à eux de décider de ça, les équipes peuvent jouer dans les systèmes qu'ils souhaitent, mais ils doivent dominer certains principes : pressing, possession, largeur etc. Il a tout expliqué aux entraîneurs et il leur a dit 'c'est à vous de créer vos exercices à vos joueurs. Cela va me rendre la mission beaucoup plus facile, et aux joueurs aussi'. Cela a été un des meilleurs moments que j'ai passé dans le club, c'était un moment de partage de connaissance."
Un entraîneur qui semble satisfait du rendement du centre de formation. "C'est important pour nous de savoir qu'il y a des joueurs très jeunes au Campus qui peuvent aider l'équipe. C'est une condition qui est importante pour nous en tant qu'équipe, mais c'est important aussi pour les joueurs de savoir qu'il y a cette opportunité [de jouer en pro]. Je me répète, mais c'est toujours difficile de jouer au PSG", a prévenu l'Espagnol en conférence de presse. "On n'a pas peur de donner des opportunités aux joueurs si on voit cette qualité. Et en ce moment, je pense qu'il y a beaucoup de joueurs et il y en a encore d'autres qui peuvent aider l'équipe. Je pense que c'est un très bon moment pour le Campus, pour les Titis et pour nous", ajoute Luis Enrique.
Visite de l'inspection du travail, enquête interne en cours
Un centre de formation performant, dans des infrastructures ultramodernes, qui a coûté 350 millions d'euros au PSG – Luis Campos l'a rappelé à deux reprises lors de la table ronde – et, revers de la médaille, quelques tensions au sein du centre de formation.
Si bien qu'une inspectrice du travail est venue rendre visite au campus, après le signalement de certains salariés. Une information révélée par nos confrères de l'Équipe et confirmée par Yohan Cabaye, gêné aux entournures au moment d'évoquer le sujet. "Il y a eu une visite, effectivement", a confirmé le directeur du centre de formation. "On travaille bien. Pour moi, le plus important, là où tout le monde doit être concentré, c'est la mission principale : les amener en haut de l'escalier. Le retour qu'il y a eu de cette enquête est qu'il faut un peu plus de communication. On n'a rien à cacher, quand on a de l'ambition on doit avoir l'exigence qui va avec, il faut continuer à avancer. Le reste, ce qui se passe à côté, ça ne m'intéresse pas".
Et de préciser un peu plus tard dans la journée : "Évidemment, le bien-être des collaborateurs est très important pour nous. On sera attentif aux conclusions de l'enquête". En parallèle, le CSE, le comité social et économique du Paris Saint-Germain a lancé une enquête interne.