Les Français vont-ils être appelés à mourir pour l’Ukraine ? Quelle forme prendra le service militaire volontaire dont l’exécutif a déjà parlé ces derniers mois ? Quel plan de paix pour l’Ukraine ? Comment protéger l’Europe de la menace russe ?
Autant de questions auxquelles le chef de l’État s’est efforcé de répondre dans un entretien accordé à RTL depuis Johannesburg, en Afrique du Sud, où Emmanuel Macron participait à une réunion du G20.
Passer la publicité«Nous voulons la paix», mais «pas une capitulation» : Emmanuel Macron pose ses conditions pour la paix
Dimanche soir, les tractations entre Américains, Ukrainiens et Européens autour du plan de paix proposé par Donald Trump ont pris fin à Genève, en Suisse. Un plan considéré par beaucoup d’observateurs comme étant favorable à Vladimir Poutine, en limitant notamment la puissance de l’armée ukrainienne. Une option inenvisageable pour Emmanuel Macron. «Nous voulons la paix, mais nous ne voulons pas une paix qui soit en effet une capitulation», a-t-il souligné.
Le plan proposé par les États-Unis «va dans le bon sens, la paix», a-t-il salué, mais «il y a des éléments dans ce plan qui méritaient d’être discutés, négociés, améliorés». «Personne ne peut dire à la place des Ukrainiens, quelles concessions territoriales ils sont prêts à faire», a notamment affirmé le chef de l’État. «Les Européens sont les seuls qui ont à dire, parce que ça fait partie du plan, ce qu’on fera avec les actifs russes gelés qui sont détenus par les autres.»
Il reste une inconnue aux yeux d’Emmanuel Macron : «Est-ce que la Russie est prête à faire une paix qui soit une paix durable, c’est-à-dire une paix où ils ne vont pas six mois ou huit mois plus tard, deux ans plus tard, ré-envahir l’Ukraine ?» C’est pour parer à cette éventualité que le président français souhaite ne pas affaiblir les forces de l’armée ukrainienne. «La première des garanties de sécurité, c’est la régénération de l’armée ukrainienne», a-t-il insisté.
Si la paix est signée, Emmanuel Macron envisage l’envoi de soldats français en Ukraine, avec d’autres «forces de réassurance»
La France va-t-elle envoyer des soldats français en Ukraine ? La question est posée à intervalles réguliers depuis février 2022 et l’invasion russe. «La paix, elle commence par un cessez-le-feu», a répondu Emmanuel Macron. «On règle toutes les questions, les territoires, la constitution, la question des langues.» Emmanuel Macron a ensuite admis l’éventualité d’envoyer des «forces de réassurance», c’est-à-dire des «soldats britanniques, français et turcs» en Ukraine, une fois ces premiers objectifs atteints.
Avec pour mission de piloter, pour l’armée ukrainienne, «sa formation, son équipement, sa capacité à se déployer sur les mois et les années qui viennent». Ces troupes pourront être déployées «le jour où la paix est signée, donc pas dans un contexte de guerre» et seront là «pour procéder à des entraînements, à des sécurisations».
Passer la publicité«Une des principales menaces pour notre pays est la Russie», met en garde Emmanuel Macron
«Aujourd’hui, une des principales menaces pour notre pays est la Russie.» Emmanuel Macron participera ce mardi à une réunion de la coalition des volontaires - une organisation créée en mars 2025 pour défendre l’Ukraine. Avant cette rencontre, le chef de l’État a mis en garde face à la «confrontation stratégique» menée par la Russie de Vladimir Poutine contre les pays européens. «Ces dernières années, on est monté d’un cran dans la conflictualité avec la Russie», a-t-il souligné.
Le chef de l’État a évoqué les «guerres hybrides» sur le sol européen, y compris en France. Selon lui, la Russie provoque par ses déclarations sur le nucléaire, mène des actions cyber, attaque nos hôpitaux, mène des actions de déstabilisation de l’information, fait pression sur les pays de l’Est européens par l’immigration, envoie des drones, etc. Emmanuel Macron a notamment pris pour exemple «des actions antisémites» ou «anti-musulmanes» commises dans l’Hexagone ces dernières années.
Autant d’éléments qui font état d’une Russie dont la «posture» est «beaucoup plus agressive» et qui met «plus d’un tiers de son budget» dans sa défense. «Si nous sommes faibles en Ukraine, si on dit ’c’est plus notre problème, au fond, ils sont très loin (...), Ce jour-là, vous donnez un signal de faiblesse. Le jour où vous donnez un signal de faiblesse à la Russie, qui au fond depuis 10 ans a fait un choix stratégique, celui de redevenir une puissance impériale, c’est-à-dire d’avancer partout où on est faible. Eh bien, elle va continuer d’avancer.»
Nous ne prévoyons pas du tout d’«envoyer nos jeunes en Ukraine», précise Emmanuel Macron
«Il est très clair que nous devons renforcer le pacte armée-Nation», plaide le chef de l’État. «Et qu’au moment où la guerre s’hybride, il est très important qu’un maximum de nos compatriotes comprennent ce que sont nos armées, comment ça marche, participent à la réserve que nous avons aussi mise en place et qui est très importante parce qu’elle apporte des compétences à nos armées.» Le président de la République a seulement confirmé «la transformation du Service national universel vers une nouvelle forme». «J’aurai l’occasion de l’évoquer dans les jours à venir», a-t-il rappelé. Le service militaire obligatoire avait été suspendu par Jacques Chirac en 1997. Emmanuel Macron avait parlé d’un nouveau service volontaire le 13 juillet devant des haut gradés de l’armée française.
Une autre mise au point s’imposait. Très commentés, les propos du chef d’État-major des armées, le général Mandon, avaient suscité une vive émotion à travers le pays. La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon avait déjà précisé que le général Mandon parlait des militaires, mais en aucun cas des civils. La polémique avait pris une telle ampleur qu’Emmanuel Macron insiste à son tour ce matin. «Il faut vraiment, en tout cas tout de suite, supprimer toute idée confuse qui consisterait à dire qu’on va envoyer nos jeunes en Ukraine», a insisté le chef de l’État. «Ce n’est pas du tout le sens de cette affaire.»
Passer la publicitéEmmanuel Macron en appelle à la «responsabilité» des parlementaires pour «bâtir des coalitions» pour le budget
Emmanuel Macron a enfin évoqué le blocage politique en France et le vote du budget dont dépendent en partie les politiques qui seront menées l’année prochaine. «Les Français ont pris leurs responsabilités», a-t-il rappelé en rappelant les élections législatives anticipées de 2024. «Ils sont allés massivement voter et ils ont voté pour une assemblée qui est légitime et qui est fragmentée, comme le sont à peu près tous nos voisins.» Emmanuel Macron en appelle à la «responsabilité» des parlementaires pour «bâtir des coalitions» ou a minima de «trouver des compromis pour que les textes puissent être votés».
«Ce n’est pas la responsabilité du président de la République de faire ça, c’est celle des forces parlementaires et donc c’est à eux de le faire. Et j’ai quand même bon espoir qu’ils arriveront à le faire dans les semaines à venir sur le budget.» Sans budget, Emmanuel Macron envisage-t-il de dissoudre de nouveau l’Assemblée nationale, comme la Constitution l’y autorise ? «Je ne fais pas de politique-fiction», a évacué le chef de l’État.