Permission de sortie d’un détenu narcotrafiquant de Vendin-le-Vieil : «Il n’est pas surveillé, il n’est pas escorté», précise son avocate

Un détenu du quartier de lutte contre la criminalité organisée (QLCO) de la prison de Vendin-le-Vieil a quitté ce lundi matin, vers 7h40, l’établissement pénitentiaire pour une permission de sortie. Ouaihid Ben Faïza a rendez-vous avec un potentiel employeur dans l’agglomération lyonnaise et doit s’y rendre en TGV depuis Lille. Durant cette sortie, autorisée jusqu’à 21h00, «il n’est pas surveillé, il n’est pas escorté, quelqu’un de son entourage est venu le chercher», indique son avocate, Me Marie Violleau, sur BFMTV.

La permission de cet ancien baron de la drogue, accordée par un juge d’application des peines malgré un avis défavorable du parquet de Béthune et confirmée par la chambre d’application des peines de la cour d’appel de Douai, suscite l’indignation, notamment du côté des syndicats d’agents pénitentiaires.

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«Ça ne va pas avec les conditions d’isolement» prévues pour les détenus narcotrafiquants dans les QLCO créés depuis cette année. «On a dit qu’il fallait les couper du monde (…) et aujourd’hui on le laisse sortir dans la nature, tout seul», déplore auprès de l’AFP Thomas Vaugrand, secrétaire général du syndicat UFAP UNSa Justice dans les Hauts-de-France. Une décision d’autant plus critiquée qu’en 2014, alors qu’il était incarcéré à la prison de Villepinte depuis trois ans, Ouaihid Ben Faïza s’était évadé avec l’aide d’un commando armé à sa sortie d’une consultation à l’hôpital. Sa cavale avait duré deux semaines.

Anticiper la sortie pour éviter la récidive

Ouaihid Ben Faïza «n’est pas parfaitement libre de ses mouvements, il est contrôlé», tempère ce lundi matin sur Franceinfo Me Marie Violleau. «Il doit sortir à telle heure, aller dans tel endroit, c’est-à-dire dans une entreprise pour rencontrer un employeur et rentrer à telle heure (…) C’est un de ses proches qui vient le chercher, qui va l’emmener là où il doit aller et puis qui le ramènera ce soir, comme prévu par la décision judiciaire.» Cette permission de sortie est, pour la pénaliste, l’occasion de «montrer à la justice» que l’ancien narco incarcéré depuis 2012 «est digne de confiance».

«Le détenu dont on parle aujourd’hui est incarcéré depuis longtemps (…) On ne peut pas regarder une personne détenue qui a ce parcours comme une personne qui vient juste de commencer sa détention», a déclaré dimanche sur France info Flavie Rault, secrétaire générale du Syndicat national des directeurs pénitentiaires (SNDP-CFDT).

Cette permission de sortie est une manière d’anticiper et d’accompagner sa sortie de prison, souligne Me Violleau. Le détenu de 52 ans sera libérable en 2029. «Soit on attend la fin de la peine et on vous aura coupé de la possibilité de récupérer une vie professionnelle et on espère que vous ne retomberez jamais. Soit on anticipe parce qu’on considère que le fait de vous accorder la possibilité d’aller travailler» protège de la récidive grâce à la réinsertion professionnelle. Cette décision, c’est «envisager une libération anticipée, contrôlée et maîtrisée par l’autorité judiciaire», salue la pénaliste.