Mort de Jimmy Cliff : retour sur cinq chansons cultes

Premier artiste de reggae à signer sur le label Island, ambassadeur de la musique jamaïcaine, Jimmy Cliff, mort lundi 24 novembre à l'âge de 81 ans, a contribué presque autant que Bob Marley à populariser la musique de son île natale. "Bien que nous ayons eu les mêmes aspirations révolutionnaires, je suis un solitaire et il [Marley] aimait les gens", analysait-il dans le magazine Rolling Stone pour expliquer sa moindre popularité.

Si ses chansons ont fait l'objet de quantité de reprises, Jimmy Cliff a aussi fait lui-même de nombreuses covers, de Wild World de Cat Stevens à Guns of Brixton de The Clash, en passant par I Can See Clearly Now de Johnny Nash, des versions qui sont elles-mêmes devenues des hits.

Voici cinq titres de Jimmy Cliff et, en bonus, un duo avec Bernard Lavilliers, pour se souvenir de ce musicien engagé à la voix d'or.

"Many Rivers to Cross" (1969)

Après des débuts couronnés de succès en Jamaïque, Jimmy Cliff souhaite percer en Angleterre. Ce slow, qui raconte ses difficultés en Grande-Bretagne, sera un tube. "Je ne parvenais pas à trouver ma place et la frustration a nourri cette chanson", a-t-il expliqué ensuite à la presse anglaise. Depuis sa sortie, ce morceau a été repris par de nombreux artistes, de UB40 à Cher, en passant par Annie Lennox, Linda Ronstadt et Joe Cocker.

"Reggae Night" (1983)

Énorme hit international, ce titre qui figurait sur son album The Power and the Glory, a aidé à populariser le reggae au plan mondial. Il a aussi nourri les critiques des puristes à son encontre pour son côté trop pop.

"We All Are One" (1983)

Issue du même album que Reggae Night, cette superbe ode antiraciste évoque le thème de l'amour universel, soulignant que les enfants, dénués de préjugés, font fi de leurs différences de couleur de peau pour jouer ensemble.

"The Harder They Come" (1972)

Après avoir entendu Many Rivers to Cross (voir plus haut), le réalisateur Perry Henzell enrôle Jimmy Cliff pour jouer le rôle principal, celui d'un criminel jamaïcain, dans son film policier The Harder They Come. Il lui demande aussi d'en composer le morceau-titre (dont le réalisateur avait filmé l'enregistrement en studio). La chanson deviendra le phare de la bande-originale légendaire du film, qui contient d'autres titres de Jimmy Cliff ainsi que des chansons des Maytals et de Desmond Dekker. Cette B.O. contribuera à l'ascension du reggae aux États-Unis.

"You Can Get It If You Really Want" (1970)

Cette chanson, qui encourage l'auditeur à la persévérance, est la première de la bande originale du film The Harder They Come, citée ci-dessus, dans la scène d'introduction. Curieusement, la reprise de Desmond Dekker sortie peu après a eu davantage de succès que l'originale de Jimmy Cliff, se hissant à la seconde place des charts anglais.

En bonus, "Melody, Tempo, Harmony" avec Bernard Lavilliers (1994)

Sur ce reggae écrit et composé par Bernard Lavilliers suite à son tubesque Stand The Ghetto (1980), le Français invite Jimmy Cliff à partager le micro avec lui. Le clip du duo (ci-dessous) est enregistré en même temps que le morceau aux studios Tuff Gong de Bob Marley à Kingston (Jamaïque). Le titre sort en face B du single Stand The Ghetto, ainsi que sur l'album Higher and Higher de Jimmy Cliff en 1996.