«Il est libre de ses mouvements» : comment se déroule la permission de sortir accordée à un détenu de Vendin-le-Vieil
Entre ses trajets en train pour rejoindre Lyon et son rendez-vous avec un potentiel employeur, Ouaihid Ben Faïza est libre d’aller et venir jusqu’à l’horaire butoir de son retour à la prison, à 21h00. La Direction nationale du renseignement territorial a toutefois été saisie pour le surveiller.
Passer la publicité Passer la publicitéIl fait partie des 100 figures du narcotrafic incarcérées au quartier de lutte contre la criminalité organisée (QLCO) de Vendin-le-Vieil. Mais ce lundi, il renoue pour quelques heures avec la liberté. Ouaihid Ben Faïza, condamné en 2012 à huit ans de prison pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs, a obtenu une permission de sortir afin de passer un entretien d’embauche dans l’agglomération lyonnaise. Une décision qui suscite de nombreuses critiques alors que cet ancien baron de la drogue s’était évadé en 2014 avec l’aide d’un commando armé à sa sortie d’une consultation à l’hôpital. Sa cavale avait duré deux semaines.
Le détenu de 52 ans a quitté l’établissement pénitentiaire du Pas-de-Calais ce matin vers 7h40 sans être «surveillé ni escorté», a précisé son avocate, Me Marie Violleau, sur BFMTV. Sa compagne est venue le chercher pour le conduire à la gare afin de prendre un train vers la région lyonnaise. Ouaihid Ben Faïza se rendra ensuite à son rendez-vous professionnel. L’objectif du prisonnier «DPS» (détenu particulièrement signalé) est de décrocher une promesse d’embauche afin d’obtenir une libération conditionnelle et de garantir sa réinsertion par le travail.
Passer la publicité«On ne maîtrise aucun de ses faits et gestes»
Outre cet entretien avec son potentiel employeur, le quinquagénaire est «totalement libre de ses mouvements», commente auprès du Figaro David Lacroix, délégué FO Pénitentiaire à Vendin-le-Vieil. «C’est ça qui est extraordinaire, on ne maîtrise aucun de ses faits et gestes. C’est d’ailleurs pour cela que le directeur de l’établissement s’y était opposé.» Le parquet avait également fait appel de cette décision mais la chambre d’application des peines de la cour d’appel de Douai a confirmé cette permission de sortie. «Entre 7h00 et 21h00, il peut tout autant décider de passer sa journée avec ses proches que d’aller voir ses anciens complices du narcotrafic», s’inquiète David Lacroix.
Une permission de sortir est en effet «très individualisée», nous précise l’administration pénitentiaire. Sa durée et son encadrement varient en fonction de chaque détenu qui en bénéficie. «Le détenu dont on parle aujourd’hui est incarcéré depuis longtemps (…) On ne peut pas regarder une personne détenue qui a ce parcours comme une personne qui vient juste de commencer sa détention», a tempéré dimanche sur France info Flavie Rault, secrétaire générale du Syndicat national des directeurs pénitentiaires (SNDP-CFDT). Selon les informations du Parisien, la Direction nationale du renseignement territorial (DNRA) a toutefois été saisie pour surveiller Ouaihid Ben Faïza durant cette journée.
Attendu à 21h00
Le détenu est attendu à 21 heures maximum devant les portes de Vendin-le-Vieil. «Passé cet horaire, on alertera l’autorité judiciaire et la police pour partir à sa recherche», explique le délégué FO Pénitentiaire à Vendin-le-Vieil. Pour lui, cette permission de sortir annonce déjà l’obtention d’un aménagement de peine dans les semaines à venir. «De notre expérience, si un juge d’application des peines autorise une sortie pour un rendez-vous avec un potentiel employeur c’est que l’affaire est déjà bien engagée. S’il revient avec une promesse d’embauche, dans quelques semaines il sera dehors», s’avance David Lacroix.
L’avocate du prisonnier, Me Marie Violleau, a salué ce matin sur France info une décision permettant d’anticiper et d’accompagner la sortie de prison du quinquagénaire, libérable en 2029. «Soit on attend la fin de la peine et on vous aura coupé de la possibilité de récupérer une vie professionnelle et on espère que vous ne retomberez jamais. Soit on anticipe parce qu’on considère que le fait de vous accorder la possibilité d’aller travailler» protège de la récidive grâce à la réinsertion professionnelle. Cette décision, c’est «envisager une libération anticipée, contrôlée et maîtrisée par l’autorité judiciaire», a déclaré la pénaliste.